36e Sommet de l’UA : l’organisation africaine face à ses incohérences

36e Sommet de l'UA - l’organisation africaine face à ses incohérences

Ce week-end s’est tenu le 36e sommet de l’UA (Union Africaine), à Addis Abeba en Éthiopie. Outre les importantes décisions prises, ces deux jours de travaux des chefs d’États de la sous-région ouest-africaine, ont été l’occasion d’exposer les incohérences de l’instance africaine.

Du statut d’Israël aux sanctions sélectives contre les coups d’État en Afrique, le 36e sommet de l’UA a été fait de décisions qui peuvent soulever différentes interrogations. En outre, le processus ayant conduit les Comores à la présidence de l’Union africaine questionne sur les influences que subit cette organisation et donc sur sa réelle indépendance.

Le statut d’Israël perturbe le 36e sommet de l’UA

Dès samedi 18 février, à la cérémonie d’ouverture de la 36e sommet de l’UA, un incident a mis en exergue un sujet de controverse au sein de l’Union africaine. Il s’agit de l’expulsion d’une diplomate israélienne de l’assemblée. Bien que cette représentante portait un badge officiel, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a déclaré n’avoir « invité aucun officiel » d’Israël.

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Cet imbroglio vient du statut d’observateur accordé en 2021 à Israël et qui avait suscité une levée de boucliers de la part de certains pays africains. Un comité de chefs d’États avait alors été mis en place pour débattre du retrait de l’accréditation, ce qui suspendait le statut du pays hébreux, a expliqué M. Mahamat. Ce dernier a indiqué que des « investigations nécessaires» sont en cours pour comprendre comment « une personnalité » est venue sans invitation.

Cet incident à l’ouverture du 36e sommet de l’UA, illustre bien les divergences qui existent au sein des pays membres de l’organisation. La porte-parole du président de la commission , Ebba Kalondo, expliquait à l’AFP que l’organisation avait adressé une invitation unique à l’ambassadeur d’Israël auprès de l’UA. Pour elle il s’agit d’un « abus » d’une faveur faite, mais cet incident révèle également qu’Israël a toujours des influences dans cette organisation malgré les oppositions auxquelles il fait face.

Une organisation sous grande influence!

Deux autres faits marquants du 36e sommet de l’UA soulève des interrogations sur les influences externes que subit l’organisation africaine. Il s’agit d’abord du maintien des sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, suspendus de l’instance à cause des coups d’Etats qu’ils on subit. L’UA a réaffirmé sa politique de « tolérance zéro » contre les changements de pouvoir anticonstitutionnels.

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Cependant, ce principe n’est toujours pas appliqué au Tchad où il y’a eu également un changement anticonstitutionnel à la tête du pays, et qui était bien présent au sommet. Le média TV5monde, expliquait l’exception tchadienne dans un article en novembre dernier, par des pressions de certains pays notamment le Nigéria et la France, qui ont intérêt à ce que le nouveau régime ne soit pas sanctionné. Bien que la transition ait été prolongée et que l’actuel président, Mahamat Idriss Déby Itno, a la possibilité de se présenter à la prochaine élection, contrairement à ce qu’il avait promis à la communauté internationale.

Lesquelles situations sont toujours sévèrement punis dans les trois pays ouest-africains. Somme toute, les sanctions de l’UA ne suivent pas un principe mais plutôt les intérêts de certaines puissances. Ensuite l’autre évènement est l’accession des Comores à la présidence de l’UA. Le Monde explique que ce choix a été facilité par Paris qui a incité le Kenya à retirer sa candidature. Les bonnes relations entre l’Élysée et les Comores sont donc une raison pour laquelle ce pays a hérité de la présidence de l’UA. Une révélation qui soulève la sérieuse interrogation de la réelle indépendance de cette organisation africaine.

Edoh