Bras de fer avec l’armée : l’ancien Premier ministre Pakistanais conforté par la Cour suprême

Bras de fer avec l’armée - Imran Khan voit son arrestation invalidée par la Cour suprême

La Cour suprême du Pakistan a, ce jeudi, déclaré « invalide » l’arrestation de l’ancien Premier ministre Imran Khan. Survenue mardi, cette arrestation a provoqué des manifestations violentes des partisans de M. Khan, qui ont embrasé le pays depuis.

L’arrestation de M. Khan, 70 ans, est intervenue dans un contexte de tensions entre lui et l’armée. Depuis son renversement en avril 2022 par une motion de censure sur fond de perte de soutien de l’armée, l’ancien dirigeant multiplie les manœuvres politiques pour obtenir la tenue d’élections anticipées et s’en prend régulièrement à l’armée, qui détient une grande influence politique dans le pays.

Imran Khan arrêté illégalement

« Votre arrestation est invalide et le processus entier doit être revu », a déclaré le président de la Cour suprême, Umar Ata Bandial. Imran Khan comparaissait devant l’institution saisie d’un recours par ses avocats, contre son arrestation. « Dorénavant, aucune arrestation ne devrait avoir lieu dans les locaux d’un tribunal » a ajouté le juge.

Pakistan: l’ex-Premier ministre Imran Khan blessé par balle lors d’une manifestation

En effet, l’ancien Premier ministre a été arrêté mardi alors qu’il répondait à une convocation devant un tribunal dans une affaire de corruption. Il a été placé le lendemain en détention provisoire. « J’ai été traité comme un terroriste », a déclaré M. Khan devant le juge. Son arrestation a provoqué une vague de manifestations violentes de ses partisans dans tout le pays, incendiant ou endommageant des édifices publics.

Ils s’en sont même pris à des symboles du pouvoir militaire, notamment des postes de police, des véhicules de l’armée, ou encore la résidence du commandant militaire de Lahore. Ils accusent l’appareil militaire d’avoir contribué à l’éviction de Imran Khan de son poste en 2022. Au moins 9 personnes sont mortes et plusieurs arrêtées dans ces manifestations violemment réprimées par les forces de l’ordre.

Bras de fer avec l’armée

L’armée a une grande influence politique au Pakistan. Elle a organisé au moins trois coups d’État depuis l’indépendance en 1947 et a assumé le pouvoir pendant plus de trois décennies explique l’AFP. Et depuis plusieurs années, son soutien est indispensable, pour venir au pouvoir dans le pays. C’était aussi le cas de Imran Khan qui a accédé au pouvoir en 2018. Cependant en 2022 ce dernier, lâché par l’armée, a été renversé par une motion de censure, mais n’a jamais abandonné l’espoir de revenir au pouvoir.

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Fort d’une popularité sans précédent dans tout le pays, il défie ouvertement l’armée, chose très rare dans ce pays. M . Khan s’est retrouvé sous le coup de dizaines d’affaires judiciaires qu’il dénonce comme une manœuvre de l’armée et du nouveau gouvernement pour empêcher son retour au pouvoir. Le week-end dernier, il a réitéré des accusations à l’encontre d’un officier supérieur, de complot d’assassinat contre sa personne lors d’un meeting électoral en novembre où il avait été blessé par balles.

L’arrestation d’Imran Khan mardi, a été le point culminant de la crise déclenchée par son renversement en 2022. Le gouvernement a autorisé mercredi, l’envoi de soldats dans la capitale et d’autres provinces. Ce jeudi, la police d’Islamabad a annoncé que des troupes sont positionnées dans la « zone rouge » de la capitale qui abrite les principales institutions gouvernementales.

Esso ASSALIH