Palestine en deuil : le haut responsable et grand négociateur pour la paix, Saëb Erekat, s’en est allé

Palestine en deuil : le haut responsable et grand négociateur pour la paix, Saëb Erekat, s’en est allé

Saëb Erekat, l’une des personnalités politiques palestiniennes les plus connues à l’étranger, est décédé ce mardi 10 novembre 2020 à l’âge de 65 ans. Ceci, après avoir contracté le nouveau coronavirus, laissant les Palestiniens orphelins d’un « grand combattant » pour la paix. Saëb Erekat était officiellement le négociateur en chef des Palestiniens. Mais, compte tenu de la complexité des pourparlers avec Israël, il a dû se contenter ces dernières années d’être un avocat éloquent de la cause palestinienne.

Le Secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erekat, est décédé, mardi 10 novembre, a indiqué à l’AFP la présidence palestinienne. Atteint de fibrose pulmonaire et greffé du poumon, Saëb Erekat est décédé à l’hôpital « Hadassah » de Jérusalem, où il avait été admis le 18 octobre, a déclaré cette source.

Saëb Erekat, un négociateur palestinien hors pair

Saëb Erekat était officiellement le négociateur en chef des Palestiniens. Celui qui était le numéro deux dans l’organigramme de l’OLP faisait partie de ces Palestiniens qui ont cru en la négociation plutôt qu’en la lutte armée.
L’homme était un universitaire qui s’exprimait dans un anglais volontiers teinté d’humour et de formules marquantes. Il a fait partie de toutes les équipes de négociateurs avec Israël depuis 1991, à l’exception notable de celle qui discuta secrètement des accords d’Oslo en 1993.

L’homme avait multiplié ces derniers mois les déclarations contre le projet israélien d’annexion de la Cisjordanie occupée. Ces dernières semaines, il s’est aussi prononcé contre la normalisation des relations entre Israël et des pays du Golfe. Une normalisation conclue sans paix préalable entre les Palestiniens et l’État hébreu.

Dernièrement, lui-même constatait avec amertume l’étendue des sacrifices consentis en vain. « Aujourd’hui, des membres de ma propre famille refusent de me serrer la main. Dans la population, il y en a aussi qui refusent de me saluer parce que j’ai reconnu l’Etat d’Israël ». C’est ce qu’il a avoué en juin dans un entretien au magazine Le Point.

Il a été nommé en 2003 chef de l’équipe de négociations de l’OLP. Mais, il a démissionné en 2011 en raison de la divulgation de centaines d’archives sur les discussions avec Israël de 1999 à 2010. Il s’agit de l’affaire « Palestine Papers ». Il a donc été fragilisé par des informations selon lesquelles le principal responsable présumé des fuites travaillait dans son service. Toutefois, il a su surmonter ces difficultés et rebondir de nouveau.

Saëb Erekat, un grand dirigeant toujours incontournable

Ce vieux routier de la diplomatie a toutefois repris sa place de négociateur et a dirigé les tractations côté palestinien. Ceci, lors de la dernière tentative de paix américaine, lancée sous la présidence Obama et avortée en 2014.

Depuis, il assistait impuissant, sous l’effet des intérêts contraires, des mauvaises volontés, des violences ou de la colonisation, à la déconfiture du rêve d’un État palestinien indépendant pour lequel il se battait. En effet, après plus de vingt-sept ans à arpenter les couloirs des hôtels et chancelleries, le diplomate est mort sans qu’un Etat palestinien indépendant n’ait vu le jour aux côtés d’Israël. « Je n’ai pas fini ce pour quoi j’étais né », aurait-il écrit depuis son lit d’hôpital à l’ancienne négociatrice israélienne Tzipi Livni.
Saëb Erekat fut un proche de Yasser Arafat, leader historique du mouvement national palestinien. Même s’il ne l’a pas suivi dans ses exils successifs.

Il est ensuite devenu un proche de Mahmoud Abbas, qui a succédé à Arafat à la tête de l’Autorité palestinienne. Ceci, en gravitant dans son cercle restreint et passant pour l’un de ses successeurs potentiels.

Haut responsable, il était un interlocuteur incontournable des émissaires étrangers. Il était aussi l’un des responsables palestiniens les plus éloquents sur Twitter, publiant quasi quotidiennement des messages en arabe et en anglais.

« Pleurant » la mort de son « ami » et « frère », le président palestinien Mahmoud Abbas a déploré une « perte immense pour la Palestine et pour notre peuple ». Les hommages viennent de tous les coins du monde.

Sa dépouille a été transférée vers un hôpital de Ramallah, ville de Cisjordanie occupée où une cérémonie militaire a été organisée ce mercredi matin. Erekat sera ensuite enterré à Jéricho, dans la vallée du Jourdain. Un deuil national de trois jours a été décrété. Saëb Erekat est aussi auteur d’une dizaine de livres sur la diplomatie

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