A plus d’un mois du coup d’État qu’il a orchestré au Niger, le général Abdourahamane Tchiani n’a toujours pas prêté serment comme président de la transition. Et pourtant, une transition est en route, avec un nouveau gouvernement qu’il a nommé.
L’Afrique de l’ouest a connu des coups d’États militaires successifs ces dernières années. Dans tous ces pays, le chef des militaires au pouvoir a prêté serment et dirige la transition en tant que président. Le dernier coup en date, celui au Gabon survenu le 30 août, a déjà connu une prestation de serment du nouveau président de la transition, en moins d’une semaine.
Président de la transition, à quand le titre ?
Le chef de la garde présidentielle au Niger, le général Abdourahamane Tchiani s’est présenté au public, deux jours après le coup d’État, en tant que président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Cet organe militaire étant celui qui a destitué le président Mohamed Bazoum, son chef est automatiquement le nouvel homme fort du pays. Ce schéma a été le même dans tous les pays qui ont connu des coups d’État militaire.
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Depuis, le général Tchiani agit comme le président de la transition, avec la nomination d’un Premier ministre et d’un gouvernement, et la prise de différentes décisions. Cependant, la question de la légalité des actes pris peut se poser dans la mesure où le général Tchiani n’est pas officiellement reconnu comme président de la transition. Bien que les institutions aient été dissoutes dans les pays où il y a eu un coup de force, les chefs de transition ont trouvé le moyen de prêter serment officiellement devant un organe qui représente la Cour constitutionnelle ou l’organe habileté à recevoir le serment.
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Le cas le plus récent est la prestation de serment du général Brice Oligui Nguema au Gabon, devant une Cour constitutionnelle qu’il avait dissoute, mais rétabli pour l’occasion. C’est ainsi que les actes de ces nouveaux dirigeants revêtent l’autorité de l’État. La question se pose donc pour le cas du Niger, où après près de deux mois depuis le coup d’État, celui qui est considéré comme le nouvel homme fort du pays n’a pas encore prêté serment. Toutefois, cette situation peut s’expliquer par l’opposition internationale au coup d’État.
Jusqu’à ce jour, le général Tchiani n’est pas encore reconnu dans son nouveau rôle par la Cédéao. Le pays est sous sanctions et une menace d’intervention militaire plane toujours sur lui. On peut donc comprendre que le général Tchiani attend de trouver des compromis avec l’instance sous-régionale et les autres pays qui s’opposent toujours au coup d’État. Cependant, le temps passe, et il serait temps de penser à donner une base légale à la transition.
Esso ASSALIH