Mouvement « Bwa Kale » : la terrible riposte des haïtiens aux violences des gangs armés

Mouvement « Bwa Kale » : la terrible riposte des haïtiens aux violences des gangs armés

En proie à la violence des gangs armés qui contrôlent 80% de leur capitale Port-au-Prince, les haïtiens organisent leur propre riposte. Face à l’impuissance des forces de l’ordre à enrayer le cycle des pillages, tueries, viols, kidnapping, un mouvement social d’auto-défense surnommé « Bwa Kale » embrase le pays.

Depuis l’assassinat du président Jovenel Moise en juillet 2021, Haïti est pratiquement devenu un pays de non-droit. Ce sont désormais les gangs armés qui dictent leur loi face à un gouvernement qui peine à véritablement assoir son autorité. Ces bandits qui opèrent principalement dans la capitale dont ils contrôlent la majeur partie, soumettent les populations à un cycle de violences qui font beaucoup de victimes.

Bwa Kale, le cri de détresse des haïtiens

Face à la montée des violences des gangs armées dont ils sont les principales victimes, un mouvement spontané d’auto-défense est né parmi les haïtiens. « Bwa Kale » consiste à s’emparer des bandits et à les exécuter sans autre forme de procès. Le nom du mouvement vient du créole haïtien et peut être traduit par « érection ».

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Depuis le lancement du mouvement qui n’a pas de leader, il connait un ralliement de beaucoup d’haïtiens et les lynchages des bandits présumés se multiplient dans la capitale. Ils s’étendent à d’autres départements du pays. Le 24 avril, les habitants de Canapé Vert, une banlieue de la capitale, ont piégé et exécuté 14 bandits. Leurs corps ont été brûlés en pleine rue. Les haïtiens un peu partout se mobilisent contre les tentatives de contrôler leurs quartiers.

Ce mouvement provoque parfois des représailles des gangs, selon Rfi. C’est ainsi que pour répondre au lynchage de personnes transportant des munitions la semaine dernière, un gang a attaqué les résidents du quartier, Carrefour Feuilles, avant d’être repoussé par la police. Ce mouvement, bien que justifié par ses adhérents, décuple le cycle de la violence en Haiti avec des scènes horribles d’exécutions sommaires.

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Face à ce chaos généralisé qui s’installe, le porte-parole de la police a appelé les populations au calme. « Ne faites pas justice vous-même », a-t-il imploré les haïtiens, la semaine dernière. Le Premier ministre Ariel Henry est lui aussi sorti de son silence lundi dernier. « Ne laissons pas les mauvais plans nous faire jouer à des jeux sordides », a-t-il exhorté.

Mais ce mouvement qui rappelle la cérémonie du Bois-Caïman précurseur de la révolution de 1791 aboutissant à l’indépendance du pays, semble être pour les haïtiens, la voie vers une nouvelle indépendance, sans les gangs.

Esso ASSALIH