Après le Qatar qui à travers l’organisation de la Coupe du monde 2022 s’est faite découvrir au reste du monde, c’est l’Arabie saoudite qui a choisi la diplomatie sportive pour attirer un nouveau regard sur elle. Cette nouvelle politique du sport participe du programme de transformations économiques nommé « Saudi Vision 2030 », lancé en avril 2016 dont le but est de réduire la dépendance historique du pays vis-à-vis de la place des hydrocarbures au sein de l’économie saoudienne. Il se met en œuvre, depuis un an déjà, à travers le recrutement des grands noms du foot dans son championnat. Le dernier en date est le français N’Golo Kanté.
Comme pour le Qatar, le sport joue un rôle important dans le Plan Vision 2030 de l’Arabie Saoudite. Les idées de base restent assez semblables. Pour les autorités saoudiennes, le sport doit permettre d’apporter toute une série de valeurs au peuple saoudien tout en étant un moteur de l’économie. Il constitue, dans la même logique, un fort élément pour mieux se faire connaitre du monde. Le succès de la Coupe du monde organisée par son voisin a boosté et catapulté la vision saoudienne, matérialisée par un fort investissement pour des transferts en or vers le championnat de l’Arabie Saoudite qui compte, à ce jour, trois grands joueurs de classe internationale.
Une Arabie Saoudite plus visible
Les moyens colossaux déployés pour faire tenir le mondial du football, une première dans le Golfe, en valaient la peine. Pendant toute la durée de la compétition, les joueurs, supporters et téléspectateurs ont pu découvrir le vrai visage du Qatar, loin des clichés dédaigneux présentés sur les médias internationaux. Un grand coup diplomatique pour ce pays, mais aussi économique en termes de gain généré par le tourisme et les activités commerciales, selon des observateurs. Un bon coup de fouet donné à l’économie du Qatar.
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C’est donc ce bel exemple que son voisin, l’Arabie Saoudite, entend copier avec pour point d’orge l’organisation du mondial. Avant d’y arriver, le prince héritier Mohamed Ben Salman mise sur son championnat en mettant les bouchées doubles pour acheter « des joueurs de football comme il achète des avions de chasse afin de donner une assise internationale à son pays », analyse Raphaël Le Magoariec, géopolitologue spécialiste du Golfe et du sport à l’Université de Tours. Ceci à travers la Saudi Pro League à la différence de la pratique européenne selon laquelle les joueurs sont achetés par leur club.
Cette conquête des grands joueurs a commencé après le mondial 2022, avec le transfert de l’un des deux plus grands joueurs du monde, le portugais Cristiano Ronaldo. C’est le club d’Al-Nassr qui a été la destination du joueur contre un gros pactole. Ce grand coup réalisé a impacté positivement la visibilité de ce club et de l’Arabie Saoudite, mais aussi la billetterie.
Près d’un an après, c’est le club rival, Al-Ittihad, qui accueille un autre grand joueur coéquipier de Ronaldo au Réal Madrid. Il s’agit du français Karim Benzema, ballon d’or 2022. Âgé de 35 ans, le joueur a signé pour 3 ans. Sans s’arrêter là, le club a jeté son dévolu sur un autre français, N’golo Kanté. Le joueur français âgé de 32 ans et en fin de contrat à Chelsea a signé un contrat « pour trois ans », selon une source citée par l’AFP.
Un troisième club du championnat d’Arabie Saoudite, Al Hilal voulait aussi attirer un autre grand joueur du monde à savoir Lionel Messi. Mais aux dernières nouvelles, le joueur a décliné l’offre de 600 millions d’euros par an pour se tourner vers les États-Unis. Le championnat d’Arabie Saoudite fait donc un grand coup, même si ces joueurs sont plutôt vers la fin de leur carrière. N’empêche qu’ils donneront plus d’intérêt à la Saudi Pro League, qui aura plus d’audience désormais. Une aubaine pour l’Arabie Saoudite qui pourra vendre son image à travers son championnat.
Autre portée de la vision
En dehors de l’ambition de redorer, aux yeux de la communauté internationale, son image parfois ternie par des actes ou des politiques qui ne respectent pas les droits de l’homme, l’Arabie Saoudite a décidé de miser sur la diplomatie sportive afin de se défaire de la dépendance au pétrole. La diplomatie par le sport est un moyen parmi d’autres de rayonner au niveau international. Le sport est extrêmement populaire et permet un rayonnement rapide du pays à l’étranger.
Aussi, conscientes de la jeunesse de la population de l’Arabie Saoudite, les autorités du pays veulent faire du sport un élément d’attachement en vue d’obtenir le soutien des jeunes dans son plan Vision 2030 et également booster le tourisme en Arabie Saoudite. En effet, l’accès à l’ensemble du pays pour les touristes n’est autorisé que depuis 2019, ce qui est très récent. De plus, le tourisme saoudien souffre encore de certains clichés et notamment sur la place qu’y occupent les femmes.
Le sport doit, pour ce faire, permettre d’améliorer cette image à l’étranger et de favoriser l’industrie touristique. Alors, la professionnalisation du championnat saoudien et l’organisation d’évènements sportifs de masse, à l’instar de de la mythique course automobile, le Paris-Dakar, pourront faire venir les étrangers en nombre.
Cependant, une question demeure : l’état actuel des réserves pétrolifères pourra-t-il porter cette diplomatie sportive à son terme ?
Esso ASSALIH
