Paradoxe à l’ONU : adoption d’une résolution pour le Soudan contre son gré

Paradoxe à l’ONU: adoption d’une résolution sur le Soudan contre son gré

Réuni en urgence ce jeudi 11 mai à Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU (OHCHR) a adopté une résolution renforçant le suivi et la documentation des exactions au Soudan. Cette résolution qui élargit les pouvoirs de l’expert indépendant sur le Soudan est dénoncée par ce pays et ses pairs africains.

La réunion de l’OHCHR est intervenue à la demande conjointe des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la Norvège. La résolution a été adoptée à quelques voix près, 18 pour, 15 contre et 14 abstentions, avec une forte opposition de Khartoum et de plusieurs autres pays africains. L’OHCHR est le principal organe onusien qui lutte contre les violations des droits humains.

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Le vote de cette résolution sur le Soudan a été précédé de vifs débats au cours desquels plusieurs pays occidentaux ont relevé la nécessité de commencer par documenter les violations. Les pays arabes et la Chine ont appelé de leur côté à voter contre la résolution, qu’ils voyaient comme une violation de la souveraineté du Soudan. Même son de cloche au niveau des pays du continent, qui ont insisté sur la nécessité de trouver des « solutions africaines aux problèmes africains ».

Le représentant du chef de l’armée soudanaise, le général al-Burhan, a estimé que nul n’est besoin d’une session spéciale sur le sujet. Pour Hassan Hamid Hassan, ces nouveaux pouvoirs qu’on veut donner aux représentants de l’ONU dans son pays allait au-delà de leur mandat et donnait l’impression de la création d’une commission d’enquête.

En effet, à la faveur de cette résolution sur le Soudan finalement adoptée, le Haut-commissaire aux droits de l’homme et son expert sur le Soudan pourront faire le suivi et la documentation détaillée de tout ce qu’ils considèrent comme des violations des droits de l’homme depuis le coup d’État d’octobre 2021, et durant le conflit en cours.

Conflit à Khartoum

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Le texte ne crée, toutefois, pas de mécanisme spécifique d’enquête. La résolution sur le Soudan demande aussi « une cessation immédiate de la violence par toutes les parties, sans conditions préalables ». Il faut préciser que bien que les pays africains étaient contre cette résolution, certains se sont abstenus de voter, tandis que d’autres votaient contre.

Esso ASSALIH