Dans son discours de présentation des vœux aux maliens, le président de la transition le Colonel Goïta, a annoncé la tenue d’un « dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation ». Une annonce qui soulève beaucoup de questions notamment l’avenir de l’accord d’Alger dont se prévaut toujours l’Algérie dans ses rapports avec le Mali.
La fin d’année 2023 a été marquée par une crise diplomatique entre le Mali et l’Algérie. Bamako a reproché à Alger ce qu’il a qualifié d’ « ingérence » dans ses « affaires intérieures ». En cause, la réception par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, des rebelles chassés du nord du Mali et de l’imam Mahmoud Dicko, sans en avoir informé le Mali.
L’Algérie boutée par le colonel Goïta
Le président de la transition malienne, le colonel Goïta, n’a pas dérogé à la règle du discours à la nation à l’occasion du nouvel an. C’est ainsi que le chef de l’État a pris la parole le 31 décembre pour présenter ses vœux à son peuple et annoncé les grands projets de 2024. Le Mali est « à une étape charnière de l’avancée de notre pays vers la paix, la sécurité et le développement » a-t-il lancé.
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Le colonel Goïta a aussi annoncé la mise en place future d’un « dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation, afin d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires ». Un autre objectif de ce dialogue est de « privilégier l’appropriation nationale du processus de paix ». Le chef de l’État a précisé « que l’unicité, la laïcité de l’État et l’intégrité du territoire ne feraient pas partie des sujets de discussion ». De ces propos du colonel Goïta, on peut déduire que le président désire une réorganisation du Mali autour de tous ses fils et filles, après qu’il ait chassé les rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent) du pays.
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A ces derniers et autres bandits armés, il a promis que « la lutte contre les groupes armés terroristes » vont se poursuivre « jusqu’à la pacification totale du pays ». Cette annonce soulève une autre question, celle de l’avenir de l’accord d’Alger. C’est sur la base de cet accord que l’Algérie a cru bon de recevoir les rebelles chassés récemment du nord du Mali ainsi que l’imam Dicko, en froid avec les autorités maliennes. Cette démarche a irrité ces dernières qui ont fustigé le comportement des dirigeants algériens.
Alger qui est garant de la mise en œuvre de cet accord a cru bon prendre des initiatives sans consulter au préalable Bamako. Avec ce « dialogue direct inter-malien » annoncé, on peut déduire que le Mali veut définir de nouvelles bases de son unité et de sa pacification sans y inclure, ni les groupes qui s’opposent à l’autorité de l’État, ni toute puissance étrangère qui pourrait se prévaloir de sa consultation pour défendre des objectifs autres que ceux allant dans le sens de l’unité du Mali.
Esso A.