Retrait de la France du Niger : qu’est-ce qui a fait reculer Emmanuel Macron ?

Retrait de la France du Niger - qu’est-ce qui a fait reculer Emmanuel Macron ?

Alors qu’il semblait sourd à toutes les interpellations, le président Emmanuel Macron a surpris l’opinion dimanche soir. Il a annoncé le retrait de son ambassadeur ainsi que des troupes françaises du Niger, alors que la bras de fer avec les nouvelles autorités du pays semblait ne pas trouver d’issue.

Depuis le coup d’État du 26 juillet, la France n’est plus la bienvenue au Niger. Le 25 août, suite au « refus de l’ambassadeur de répondre à l’invitation du ministère » des Affaires étrangères, les autorités du Niger ont ordonné l’expulsion du représentant français dans le pays. En outre, elles ont dénoncé des accords militaires avec la France et demandé le départ de ses 1500 soldats présents sur leur territoire. Ces demandes se sont jusqu’alors heurté au refus du président français qui dit ne pas reconnaitre les autorités du Niger.

Volte-face d’Emmanuel Macron

C’est ce dimanche soir lors d’une interview sur les chaînes TF1 et France 2 que le président français Emmanuel Macron a créé la surprise. Contre toute attente, il a annoncé que « la France a décidé de ramener son ambassadeur » du Niger. Ce dernier, accompagné de plusieurs diplomates, vont rentrer dans les prochaines heures et seront suivis plus tard par les militaires français stationnés au Niger, a ajouté le président.

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Cette décision contraste avec la position tenue jusqu’à ce dimanche par Emmanuel Macron qui refusait de reconnaitre les nouvelles autorités du Niger et qui avait engagé un bras de fer avec eux. Malgré les dispositions prises pour rendre la vie dure à l’ambassadeur et les manifestations devant les camps militaires occupés par l’armée française au Niger, les autorités françaises semblaient décidées à ne rien entendre. Qu’est-ce qui justifie alors ce revirement du dimanche soir ?

Des pressions internes et externes !

En dehors du président Macron, de sa cheffe de la diplomatie et quelques membres de la majorité présidentielle; plusieurs personnalités politiques ne cautionnaient pas le bras de fer avec le Niger. Que Macron ne reconnaisse pas les nouvelles autorités, ne justifie pas qu’il refuse de respecter leurs décisions sur leur sol. Et cette incongruité, plusieurs personnalités françaises l’ont dénoncé sur les réseaux sociaux et sur plusieurs chaînes. Une situation qui jetait le discrédit sur cette ancienne puissance coloniale du Niger.

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D’autant plus que la France était l’un des rares partenaires internationaux du Niger à s’opposer à cet point aux nouvelles autorités. En outre la situation que vivait l’ambassadeur Sylvain Itté, qu’Emmanuel Macron refusait de rappeler, était une honte pour la diplomatie. Que le premier représentant d’un pays soit traité comme un vulgaire bandit, ne devait pas plaire dans les hautes sphères de l’État français et des esprits avisés ont sûrement fait pression sur le président pour ne pas prolonger cette situation.

De plus, le refus de rappeler l’ambassadeur violait la convention de Vienne qui régit les relations diplomatiques internationales, et plusieurs personnalités l’ont rappelé. La pression également exercée par les populations sur les soldats français au Niger devenait aussi insoutenable. Un autre élément qu’il ne faut pas ignorer est l’affront fait à la France par les discours des représentants de pays africains à la tribune de l’ONU, la semaine passée.

Aux accusations brandies depuis deux ans par le Mali envers la France, est venue s’ajouter une longue liste de reproches faite par le représentant du Burkina, principalement au président français Emmanuel Macron. Le ministre d’État du Burkina Faso, Bassolma Bazie, n’a pas hésité à heurter de façon frontale le président français, qui n’en est pas sorti grandi. Aussi, poursuivre cette fronde envers le Niger serait confirmer les accusations lancées. Toutes ces éléments peuvent justifier l’adoucissement de la position d’Emmanuel Macron, constatée ce dimanche.

La Rédaction