Report de l’élection présidentielle au Mali : le gouvernement accuse une société française

Report de l'élection présidentielle au Mali - les autorités accusent une société française

L’élection présidentielle au Mali, initialement prévue pour février 2024, n’aura plus lieu à cette date. A l’appui de cette décision annoncée ce lundi par les autorités de transition, plusieurs raisons sont évoquées notamment, l’attitude réfractaire d’une entreprise française impliquée dans le recensement.

La charte de la transition révisée au Mali a fixé à vingt-quatre mois la durée de ladite transition. Elle devait donc aboutir à l’organisation le dimanche 4 février de l’élection présidentielle garantissant le retour au pouvoir des civils. Alors que des doutes subsistaient sur la tenue de ce scrutin, les autorités viennent de les confirmer en reportant ce scrutin à une date ultérieure.

Report de l’élection présidentielle au Mali

Selon le communiqué présenté ce lundi lors d’un point de presse animé par le ministre de l’Administration territoriale le colonel Abdoulaye Maïga, l’élection présidentielle est reportée, à une date ultérieure. Elle devait avoir lieu en exclusivité le 4 février 2024 pour sortir de la transition, les autres élections devant être organisées par les nouvelles autorités propulsées par le nouveau président ainsi élu. Trois raisons sont évoquées pour justifier ce report.

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Parmi ces raisons qui concernent la prise en compte des nouvelles dispositions constitutionnelles et la nécessité de réviser des listes électorales, les autorités s’insurgent contre une société française. Il s’agit du prestataire IDEMIA qui est accusé de « prise en otage » de la Base de données du Recensement Administratif à Vocation d’état civil (RAVEC).

Le gouvernement explique qu’en dépit de sa « démarche constructive » envers la société, cette dernière refuse de lui rendre les données. La base de donnée est arrêtée depuis mars 2023, ajoute le communiqué. A sa décharge, la société explique que « le transfert de propriété du système » est conditionné par le « complet paiement du marché en référence ». Or, continue la société, plus de 5 milliards au titre de ce marché lui restent dûs par les autorités du Mali.

Des irrégularités dans le marché

La situation exposée plus haut situation empêche entre autres l’enrôlement de nouveaux majeurs, la mise à jour des fiches individuelles et ralentit la production de la Carte Nationale d’identité biométrique sécurisée . Le contrat étant signé en 2018, avant l’arrivée des nouvelles autorités, ces dernières ont engagé un audit dudit marché.

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Colonel Abdoulaye Maiga, ministre malien de l’Administration territoriale

Ce contrôle a permis de relever 15 irrégularités, notamment la conclusion de ce marché par le ministère de l’Administration territoriale de l’époque, sans « requérir l’autorisation préalable du Premier ministre ». Le ministère de l’Économie avait également autorisé une « entente directe » avec la société française, et les deux ministère ont conclu le marché sans l’avis du Premier ministre.

Aussi, le nouveau gouvernement refuse de payer la somme restante, et a entamé des démarches pour basculer la base de données du pays sur un autre système exclusivement contrôlé par le Mali. Il s’engage également dans la modernisation du processus de révision annuelle des listes électorales, ce qui permettra de rehausser le taux de participation aux élections. Ces raisons empêchent donc de tenir l’élection présidentielle à la date initialement prévue.

La Rédaction