Gabon : les dessous d’une entente entre le général Oligui et l’opposant Ondo Ossa

Gabon les dessous d’une entente entre le général Oligui et l’opposant Ondo Ossa

Au lendemain de son intronisation en tant que président de la transition gabonaise, le général Oligui Nguema a visité l’une des rares figures qu’il n’avait pas encore pu rallier à sa cause. A cette rencontre avec le candidat opposant Professeur Albert Ondo Ossa, les deux parties ont affiché une entente cordiale qui suscite plusieurs interrogations.

L’irrégularité des élections était l’une des justifications données par les militaires, derrière le coup d’État du 30 août, à leur action. La logique aurait été la reprise du scrutin ou du recomptage des voix comme l’avait réclamé le principal opposant Ondo Ossa. Ce dernier, certain de sa victoire à la présidentielle, n’a pu empêcher l’investiture du chef du Comité pour la Transition et la restauration des institutions (CTRI) comme président de la transition, ce qui pouvait présager des frictions entre les deux hommes.

Un revirement inattendu

C’est sur les pages sociales du général Oligui Nguema, que l’information a été rendue publique. Le nouveau président de la transition a indiqué s’être « rendu au domicile du Pr Ondo Ossa avec lequel » il a « pu échanger en toute convivialité, dans un esprit de franchise et de constructivité ». L’information a été confirmée quelques minutes plus tard par l’opposant gabonais sur ses pages, où il a indiqué s’être entretenu « en toute intimité et collégialité » avec le président de la transition.

Gabon : les forces politiques se rangent derrière le nouveau président de la transition

Albert Ondo Ossa a invité les gabonais à oser « croire à un avenir meilleur et resplendissant » pour leur pays. Ces déclarations contrastent avec le message envoyé la veille par l’opposant avec son absence à la cérémonie d’investiture, alors que toutes les autres forces politiques étaient présentes. Mais il faut retenir que depuis le coup d’État, les discours tranchés de l’opposant ont évolué au fil du temps vers un ton plus ouvert au dialogue.

En effet, au lendemain du coup de force, le Pr Ondo Ossa a indiqué dans une interview accordé à France 24, qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’État mais plutôt d’une révolution de palais. Il a appelé à aller au comptage des voix et donner les vrais résultats de la présidentielle. Il a aussi invité la communauté internationale à condamner ce coup de force et à ne pas accepter une transition. Se considérant comme le gagnant de l’élection, il a estimé que c’est au Gal Nguema de venir vers lui pour discuter et que dans tous les cas il viendra.

Les raisons d’une volte-face

Deux jours plus tard, alors que la date de prestation de serment a été donnée, le ton de l’opposant est devenu un peu plus conciliant. Dans une autre interview à France 24 le 1er septembre, il a surtout réitéré son espoir de discuter avec le général Nguema. Il ne s’est plus montré enthousiaste à contester au général Oligui, le pouvoir d’État, et a insisté sur la préservation de la paix. Dans cet entretien, il s’est montré agacé par les questions des journalistes qui pourtant ne revenaient que sur ses déclarations d’il y’a deux jours.

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En outre, la concertation prévue dimanche 3 septembre entre la plateforme Alternance 2023 dirigée par le Pr Albert Ondo Ossa et la société civile a été repoussée. La raison était de permettre aux représentants de la plate-forme de rencontrer le général Oligui Nguema. Ces derniers ont ensuite annoncé leur ralliement à la transition pour « le bien supérieur de la nation ». Quant à leur chef Albert Ondo Ossa, ils l’ont dit ouvert à la discussion.

Ces tractations se sont donc conclues ce mardi par la réalisation de la volonté de l’opposant gabonais de voir le nouveau président aller vers lui. La visite de Gal Oligui Nguema chez Ondo Ossa clôt certainement de façon définitive le chapitre du coup d’État et lance sous de bonnes auspices la transition. Même si plus de détails n’a pas été donné sur la rencontre, on peut supposer des négociations qui ont débuté depuis le coup d’État d’où l’évolution des revendications de Ondo Ossa.

Allons-nous vers un gouvernement d’union nationale dans lequel l’opposant occupera le poste de Premier ministre et où des membres de sa coalition auront des postes? Si aucun élément ne peut permettre de l’affirmer avec certitude, cette hypothèse n’est pas non plus à exclure. Une chose est sûre, des promesses ont été faites au Pr Albert Ondo Ossa pour qu’il accepte de reconnaitre cette transition.

Esso ASSALIH