Guinée : « ce qui est pour nous non négociable, c’est la souveraineté nationale », Mamady Doumbouya, président de la transition

Guinée : « ce qui est pour nous non négociable, c’est la souveraineté nationale », Mamady Doumbouya, président de la transition

Dans un entretien accordé à Rfi et France 24, le président de la transition guinéenne Mamady Doumbouya, est revenu sur les relations entre son pays et la Cedeao. L’objectif de la transition, selon lui, est de remettre le pouvoir entre les mains du peuple guinéen.

Depuis le coup d’Etat du 5 septembre qui l’a porté à la tête de la Guinée, le colonel Mamady Doumbouya expose pour la première fois au monde, ses ambitions. Il veut rassembler les guinéens et remettre le pays sur les rails. Et pour ce faire, le pays n’a pas besoin des injonctions de la Communauté  Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Mais plutôt de son assistance.

Mamady Doumbouya veut remettre la Guinée sur les rails

Le colonel Mamady Doumbouya voue sa loyauté à son pays et non à un individu. Ce qui explique que face au dysfonctionnement des institutions guinéennes, à cause des tensions sociopolitiques, il a décidé de prendre ses responsabilités. En effet, la gouvernance de Alpha Condé a été marquée par la gabegie financière, les violences politiques, et les guinéens étaient devenus des adversaires et non des frères.

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Mettre le pays sur les rails signifie d’abord éviter « la personnalisation de la chose publique ». C’est pour cela que le président de la transition a décidé de laisser le sort du président déchu Alpha Condé, entre les mains de la justice. Mamady Doumbouya s’engage à accompagner la justice « pour que ce peuple assoiffé de justice puisse vraiment se retrouver ».

Mais elle jouira aussi de son indépendance et décidera en toute légalité du jugement de Alpha Condé. En outre, le Conseil National de Transition (CNT) aura pour mission de réécrire une constitution adaptée aux problèmes de la Guinée. Cet organe législatif dont la composition est en cours, va rassembler des gens qui « aiment encore ce pays et qui veulent aller en avant ». Les trois organes, Justice, CNT et CNRD (Comité National du Rassemblement pour le Développement) feront leur travail « pour trouver toutes les solutions nécessaires pour l’émergence de notre pays ».

La Guinée a besoin de l’accompagnement technique de la Cedeao

Pour le président de la transition guinéenne, « la Cedeao est dans son rôle », en sanctionnant son pays. Bien que la Guinée tienne à la Cedeao, le CNT « est l’organe législatif qui pourra décider du chronogramme » des élections. Le CNT devra « faire le point, le diagnostic, à savoir les problèmes qu’on a, et comment trouver des remèdes à ces problèmes-là ». La durée de la transition pourra donc excéder les six mois exigés par la Cedeao.

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En outre, « le gouvernement guinéen a tous les droits sur le plan diplomatique de récuser quelqu’un ». C’est pour cela, qu’estimant qu’il n’y a pas de crise en Guinée, le colonel Mamady Doumbouya a écrit à la Cedeao pour récuser son émissaire Ibn Chambas. Pour le président, le coup d’Etat du 5 septembre a mis fin à la crise que traversait le pays.

C’est pour cela que la Guinée ne veut pas d’émissaire mais plutôt « de moyens techniques, de l’accompagnement technique » de la Cedeao. A la place « des remèdes génériques », la Cedeao doit plutôt penser à « adapter chaque chose ».

Tout en relevant l’inutilité des sanctions de la Cedeao (gels des avoirs, interdiction de voyager), le président de la transition Mamady Doumbouya, appelle l’institution à « penser aux peuples africains de l’Ouest ». Parce que « les peuples aussi ont besoin de la protection des institutions qui en leur nom sont censées aider nos pays et nos populations à sortir de l’injustice ».

Esso A.