Le chef de la diplomatie malienne, M. Abdoulaye Diop, a appelé ce week-end les organisations africaines à être au service des peuples du continent. C’était à l’occasion du forum de Lomé sur la Paix et la Sécurité en Afrique.
Le forum Paix et Sécurité de Lomé est une initiative du gouvernement togolais en coordination avec l’Union africaine(UA) et l’ONU. Ce cadre africain de réflexions sur la paix, et la sécurité du continent dans un contexte d’émergence des groupes terroristes et de coups d’État militaires, a porté sur le thème « Comment renforcer les transitions politiques vers une gouvernance démocratique en Afrique ».
Changer le logiciel des organisations africaines
Le forum de Lomé s’est officiellement ouvert le samedi 21 octobre après une réunion la veille, des ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays du continent, dont ceux connaissant des transitions militaires. Plusieurs panels ont meublé le programme jusqu’à dimanche, dernier jour du forum. Le panel IV autour du sujet les « Organisations internationales et sous-régionales : quel rôle pour accompagner les transitions ? » a été l’occasion pour le diplomate malien Abdoulaye Diop de tancer les organisations africaines, Union africaine (UA), Cedeao.
Le ministre malien a pointé du doigt une crise des organisations africaines. Elle se matérialise d’abord par « l’incapacité de nos organisations à anticiper et prévenir » les changements anticonstitutionnels à la tête des États. C’est l’exemple des chefs d’États qui manipulent les constitutions de leur pays, y créent de l’instabilité sans que les organisations africaines ne réagissent. Seules les conséquences de ces coups de force institutionnels, à savoir, les coups de force militaires, provoquent une réaction en aval.
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Ensuite, le ministre dénonce « l’absence de solution adaptée à ces changements anticonstitutionnels ». Il accuse les organisations africaines de ne pas être créatives et de n’appliquer que la même solution à tous les pays confrontés à une crise, à savoir les sanctions. Ces pays sont confrontés à une situation sécuritaire difficiles avec des conséquences variées, sans que ni la Cedeao ni l’Union africaine ne les soutiennent. Alors que ces changements de pouvoir sont le résultat de « l’exaspération des populations face à l’incapacité des pouvoirs politiques à répondre à cette situation ».
Aussi le ministre malien invite les organisations africaines « à fixer ce problème » en amont, et non venir imposer des élections après l’arrivée des militaires au pouvoir. Ces organisations doivent aussi changer de logiciel. Les sanctions appliquées aujourd’hui ne sont prévues par aucun des textes de ces institutions, si ce n’est la suspension des pays incriminés des instances de ces organisations, a précisé M. Diop. En se laissant instrumentaliser par des pays extérieurs, souvent contributeurs au budget, ces organisations deviennent une menace pour leurs membres, alors que la présence de la Cedeao, de l’UA, de la BCEAO devait au contraire les rassurer.
Ces organisations font aujourd’hui peur à leurs populations, s’est désolé le ministre malien.
Esso A.