En consultation, en fin de semaine dernière, les autorités maliennes et la Cedeao ne sont toujours pas arrivées à s’entendre sur la durée de la transition. L’intransigeance malienne est réconfortée par un test grandeur nature du président Assimi Goïta.
La durée de la transition, principal point d’achoppement entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les autorités maliennes de transition, a été au cœur de deux jours de consultations. En effet, du vendredi 18 au samedi 19 mars 2022, une délégation de la Cedeao était au Mali où elle a rencontré une délégation du gouvernement. Une visite qui a aussi permis à la Cedeao de mesurer la capacité de pression de son interlocuteur.
Proposition essentiellement électoraliste de la Cedeao
Comme l’indique le communiqué du gouvernement, c’est sur instruction du président Assimi Goïta, que s’est tenue la séance de consultations entre l’organisation sous-régionale et la partie malienne. Il a été question de discuter de la proposition de 12 à 16 mois contenue dans la note verbale de la Cedeao du 26 février.
Accord de paix au Mali: le CSP et le gouvernement se disputent encore la présidence du processus
Le gouvernement malien a estimé que cette proposition « est essentiellement électoraliste et ne prend pas en compte les aspirations légitimes de réformes politiques et institutionnelles exprimées par le Peuple malien». Le communiqué rappelle qu’une «mission ministérielle de la Cedeao» avait reconnu en 2018, la nécessité «d’entreprendre des réformes des cadres légaux».
Cet avis étant partagé par les deux parties, la durée de la transition doit être réglée. Aussi, le président Assimi Goïta a ramené le nouveau délai de 29 mois proposé par le gouvernement malien à 24 mois, «un délai incompressible aux yeux des Autorités du Mali». Mais la Cedeao a rejeté cette proposition.
La popularité du président Assimi Goïta, un moyen de pression
Dans la foulée de la rencontre entre la Cedeao et les autorités maliennes, le président Assimi Goïta a eu un programme un peu chargé. En effet, le samedi 19 mars, dernier jour des consultations entre les deux parties, le président de transition a offert, à distance, une démonstration de force à ses invités.
Lire aussi: Mali: qui veut le départ du premier ministre Choguel Kokalla Maïga?
En effet, le président a été l’invité des producteurs agricoles à la fête du coton, tenue à Koutiala, une ville située à 500 km de Bamako. Un premier déplacement à l’intérieur du pays depuis son investiture à la tête de l’État, qui a permis au président Assimi Goïta de mesurer sa popularité.
En effet, c’est toute la ville qui s’est mobilisée pour accueillir la délégation présidentielle. L’honneur était au Président et son gouvernement qui par leurs mesures, ont permis au pays de redevenir le premier producteur de l’or blanc en Afrique. Et la coïncidence de cette célébration avec la présence de la délégation de la Cedeao peut être vue comme un message adressé à l’organisation sur le soutien dont bénéficie la transition, gage de son intransigeance sur le refus de la proposition de la Cedeao.
Esso A.