Huit mois après avoir suspendu le parlement tunisien, le président Kaïs Saïed, vient de prendre une nouvelle mesure contraignante. Ce, en représailles à une initiative des députés considérée comme un affront.
Un groupe de députés a décidé de reprendre les sessions du parlement, malgré la suspension de cette dernière. Cet acte jugé comme une rébellion a provoqué la colère du président tunisien qui a décidé de mettre définitivement fin aux travaux du parlement en le dissolvant.
Une session en ligne
Suspendu par le président Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs, le parlement tunisien n’a plus siégé depuis le 25 juillet 2021. Cette suspension a été prolongée en septembre 2021 par l’adoption des «mesures exceptionnelles», qui officialisent et élargissent les pleins pouvoirs du président.
Lassés de ne plus pouvoir siéger et ne pouvant accéder au bâtiment du parlement, des députés ont organisé une session en ligne. Initié par le Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), un regroupement de la présidence du Parlement et des représentants des partis y siégeant, la plénière en ligne a rassemblé 120 députés sur 217.
Ces derniers ont voté à la majorité de 116 députés, un projet de loi visant l’annulation des mesures exceptionnelles prises par le président Kaïs Saïed, l’organisation d’élections législatives et présidentielle anticipées pour sortir de la crise politique et socio-économique.
Le Président Kaïs Saïed se radicalise
L’initiative des députés tunisiens a été perçue comme un affront par le président Kaïs Saïed. Lui qui avait limogé le Premier ministre et suspendu le parlement en juillet pour mettre fin à des mois de blocage politique. Aussi dans une vidéo diffusée le 30 mars par la présidence, Kaïs Saïed a annoncé la décision prise lors du Conseil de sécurité nationale», qu’il a présidée.
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« J’annonce aujourd’hui en ce moment historique la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple pour préserver l’État et ses institutions et pour préserver le peuple tunisien », a déclaré le président Kaïs Saïed. Qualifiant la réunion des députés de « tentative de coup d’Etat, qui a échoué», il les a accusé de «comploter contre la sécurité de l’Etat», et a demandé à la ministre d’engager des poursuites contre eux..
«Nos forces de sécurité militaires et civiles feront face selon la loi à tout recours à la violence», a-t-il averti. Pour rappel, le président détient seul le pouvoir de légiférer par décret, de présider le Conseil des ministres et d’amender les lois. Et sa feuille de route pour sortir le pays de la crise avec des élections prévues en juillet ainsi qu’un référendum sur des amendements constitutionnels.
Esso A.