La situation de chaos que vit actuellement le Sénégal n’ira pas en s’améliorant si Ousmane Sonko venait à être exclu de la présidentielle de 2024. C’est ce qu’a confié à la radio Rfi le chercheur Paul-Simon Handy, directeur de l’Institut d’études de sécurité (ISS), à Addis-Abeba, qui craint une explosion sociale plus grave.
Le Sénégal vit depuis la semaine passée une vague de violences suite à la condamnation à deux ans de prison de Ousmane Sonko. Ces heurts entre sympathisants de l’opposant et forces de l’ordre ont déjà fait officiellement 16 morts et beaucoup de dégâts matériels. Le calme revient progressivement dans les rues mais l’accès à internet est toujours perturbé.
Crainte d’une explosion sociale
Répondant aux questions du média Rfi, le directeur de l’ISS estime que beaucoup d’éléments concourent à consolider la thèse d’un procès politique contre Ousmane Sonko. En effet, son acquittement pour viols et menaces de mort donne plus de crédibilité à ceux qui voyaient une tentative d’éliminer Ousmane Sonko de la présidentielle.
Sénégal : après la condamnation de Sonko, place aux affrontements meurtriers
Le chercheur rappelle qu’historiquement au Sénégal, les « tenants du pouvoir ont tendance à salir la réputation des opposants pour des fins politiques ». Mais ces pratiques n’ont pas eu pour conséquence d’exclure ces opposants de la compétition électorale, ce qui est une innovation introduite par la présidence Macky Sall. Mais « le basculement dans la violence peut avoir des conséquences imprévisibles et conduire à des troubles encore plus profond » alerte M. Handy.
Ce basculement peut être alimenté par l’ambiguïté sur la question du troisième mandat toujours entretenu par le président Sall et une disqualification de Sonko. Mais dans tous les scénarios imaginables de la suite des évènements, le chercheur craint « une explosion sociale aux conséquences inattendues » s’ils excluent le candidat Sonko, dans un contexte de forte mobilisation contre une candidature de Macky Sall.
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Le chercheur voit également un autre enjeu majeur qui se joue mais n’est pas beaucoup évoqué. « Le Sénégal va entrer dès 2024 dans le cercle très fermé des pays producteurs de pétrole et de gaz avec des rentrées potentielles énormes » révèle-t-il. Aussi le caractère inclusif ou pas de l’élection de février 2024 crispe les tensions et dans tous les cas, une exclusion de Sonko, porte les germes d’une explosion sociale claire.
La Rédaction
