Sommet Afrique-France : des mots francs pour des relations franches ?

Sommet Afrique France : des mots francs pour des relations franches ?

Le sommet Afrique France s’est tenu comme prévu sans les présidents africains. Réunis à Montpellier le 8 octobre, entre 2000 et 3000 personnes ont participé à l’évènement dont le clou a été l’échange direct entre Emmanuel Macron et quelques jeunes.

Le nouveau format décidé par l’Elysée a tenu toutes ses promesses. La société civile, des entrepreneurs, des hommes de cultures, des sportifs ont réfléchi autour de la relation entre l’Afrique et la France. Sans langue de bois, des jeunes de différents pays africains, ont interpellé le président français sur différents sujets concernant l’Afrique. Un exercice de vérité

Le houleux sommet Afrique France

Le président Macron a voulu que se sommet s’organise autour des jeunes et de la société civile pour toucher du doigt les vrais problèmes que vivent les forces vives de la société africaine. Et le président a vraiment été servi. Surtout à la séance de question réponses. Des sujets comme le « colonialisme », « l’arrogance » ou le « paternalisme français » ont été évoqué par ces jeunes.

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Interpellé sur la question libyenne, le président français a admis une erreur. « Je partage ce que vous avez dit. La Libye, on n’a pas respecté la souveraineté d’un peuple et ça c’est une erreur » a-t-il déclaré. Eldaa Koama, une burkinabè a, à la fin d’un speech qui a beaucoup retenu l’attention, comparé la relation entre la France et l’Afrique à une « marmite sale ». Elle a ensuite demandé au président de la République de la récurer, sinon elle et toute l’Afrique ne mangeraient pas dedans.

Emmanuel Macron a avoué qu’il a été « bousculé » au cours de ces échanges. D’autant plus qu’une jeune Malienne, Adam Dicko, n’a pas hésité à l’interrompre et de lui lancer « arrêtez votre discours paternaliste ! Nous n’avons pas besoin d’aide, nous avons besoin de coopération ». Les intervenants au sommet Afrique France, ont aussi demandé un changement dans le vocabulaire envers l’Afrique. Des mots comme « aide » devraient être abandonnés.

Faut -il croire en l’avenir?

Bien que ce sommet Afrique France ait été une occasion de toucher du doigt les vraies revendications de la jeunesse africaine, il est difficile de croire qu’il en sortira un grand changement pour l’Afrique. D’autant plus que les vrais dirigeants du continent n’étaient pas de la partie.

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Le président Macron ne croit pas à « une politique de pardon mais de reconnaissance » envers l’Afrique pour le crime de colonisation. Il préconise « une politique qui doit mettre en place un processus de mémoire et d’histoire commune ». Ce qui peut être interprété comme un refus de reconnaitre tout le mal que la colonisation a fait à l’Afrique. D’autant plus que des pardons ont été demandés concernant d’autre peuples.

Le président a aussi essayé de justifier les positions divergentes de la France vis-à-vis des cas de troisième mandat et successions en Afrique. Sur le cas de la Côte d’Ivoire, il a parlé d’« une circonstance exceptionnelle » liée à la mort du candidat RHDP Amadou Gon Coulibaly. Pour le Tchad, il s’est abrité derrière les institutions du pays et le risque terroriste. Une confirmation à peine voilée, de la politique du deux poids deux mesures par rapport au Mali. Mais les participants au sommet Afrique France, ont souhaité des changements dans la relation entre l’Afrique et la France avec surtout des actions concrètes.

Esso A.