A peine les premiers coups de salve du retrait de la force Barkhane lancés, que la lutte antiterroriste au Sahel prend un autre visage. L’Algérie s’affirme, sans faire trop de bruit, comme la nouvelle force du Sahel. En témoigne la demande du président nigérien d’une intervention de l’Algérie au Sahel.
Le président nigérien Mohamed Bazoum actuellement en visite en Algérie table sur une intervention de l’Algérie dans la lutte antiterroriste au Sahel. Une demande qui concorde avec des ambitions affichées par Alger, depuis un moment, renforcées par l’annonce du retrait de Barkhane.
Un monopole de la France sur la lutte antiterroriste au Sahel ?
Lancée en aout 2014, en remplacement des opérations Serval et Epervier, l’opération Barkhane n’a été qu’une opération de plus de l’armée française dans la lutte antiterroriste au Sahel. Ces différentes opérations ont fait de la France, la principale force d’appui des pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme.
Cette omniprésence de la France avec des résultats mitigés, aurait pu empêcher l’implication active d’autres pays africains dans cette lutte contre le terrorisme au Sahel. Cette hypothèse se justifie par l’arrivée sur la scène d’un nouvel acteur depuis l’annonce du retrait de la force Barkhane.
L’Algérie, sui se positionne comme la deuxième puissance militaire du continent, est aussi frontalière avec des pays du sahel. Ce qui fait que les crises au sahel peuvent avoir un impact sur ce pays. Mais, dans le souci de ne pas porter atteinte à la souveraineté d’autres peuples, l’Algérie a posé, depuis son indépendance en 1962, la non-intervention comme l’un de ses piliers fondamentaux.
Ce principe est depuis remis en cause par différents actes posés, mais dans les faits, le pays n’a jamais concurrencé la France au Sahel. C’est l’assouplissement annoncé, de l’influence de la France dans la lutte contre le terrorisme au sahel qui semble ramener l’Algérie au-devant de la scène.
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La nouvelle force dans le sahel
Engagée autrefois aux cotés des meneurs des luttes d’indépendance des pays africains, l’Algérie a toujours prôné le droit des peuples à l’autodétermination et au développement. Les échecs français dans la lutte antiterroriste au sahel ont dû raviver cette flamme algérienne.
Alger a pris une part très active à l’accord de paix signé en 2015 avec la rébellion indépendantiste pour mettre fin à la guerre au Mali et participe toujours aux réunions du Comité de suivi (CSA).
Et en fin 2020, un amendement constitutionnel a été voté permettant de sauter le verrou de la non-intervention dans des opérations extérieures, dans le cadre de missions de maintien de la paix multilatérales.
Cette nouvelle orientation est justifiée par des personnalités algériennes dont le directeur de l’Institut algérien des études stratégiques et globales (INESG) Abdelaziz Medjahed qui estime que « la France ne peut plus gérer la situation au Mali ». La raison est que « « elle a échoué en raison de ses idées d’ex-Etat colonialiste qu’elle prône toujours et de l’impopularité des régimes locaux » explique ce général en retraite.,
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune affirme aussi que « la solution au Mali sera à 90% algérienne ». Un autre fait marquant de la volonté d’Alger de s’impliquer plus dans la lutte antiterroriste au sahel est le retour aux Affaires étrangères de Ramtane Lamamra, un vétéran de la diplomatie multilatérale, très impliqué en Afrique,
Pour finir Le président nigérien, Mohamed Bazoum, en visite à Alger a réitéré sa demande de voir l’Algérie s’engager davantage dans la région du Sahel, y compris dans la lutte militaire contre le terrorisme. Tout ce cocktail montre bien que la lutte antiterroriste au Sahel va avoir une nouvelle figure de proue.
Une promotion négociée avec la France ?
TV5 monde a estimé que Paris ne fait pas mystère de son intérêt à voir l’Algérie s’impliquer davantage dans la région. Information étayée par Jeune Afrique qui a révélé que le patron de l’armée algérienne s’est discrètement rendu dans la capitale française pour discuter de la nouvelle donne sécuritaire au Sahel, après l’annonce de la fin de l’opération Barkhane. Ce qui laisse penser que cette promotion de l’Algérie est en fait programmée.
Toutefois des divergences existent toujours entre Paris et Alger sur la possibilité de négocier avec le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) Iyad Ag Ghaly. Les deux Etats n’ont pas les mêmes approches dans la lutte antiterroriste au sahel.
Tout compte fait, l’Algérie se positionne désormais comme la principale force d’appui au cas où la France se retirait de la lutte antiterroriste au Sahel.
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Esso A.