Tunisie : l’UGTT, dernière arme contre la puissance politique du président Kaïs Saïed !

Tunisie : l’UGTT, dernière arme contre la puissance politique du président Kaïs Saïed !

Le principal syndicat des travailleurs en Tunisie, l’UGTT, organise un mouvement général de grève dans la fonction publique ce jeudi 16 juin. La première réelle pression faite au président Kaïs Saïed, depuis qu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet dernier.

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT), est en profond désaccord avec le  président Saïed. Opposée aux mesures d’austérité que veut imposer le président pour bénéficier des prêts du Fonds Monétaire International (FMI), elle initie un mouvement de débrayage. Cette action pour, à priori, des motifs économiques a des conséquences politiques pour le président qui jusque-là avait réussi à faire taire toute opposition à sa volonté d’hégémonie.

L’UGTT veut paralyser la fonction publique

Les négociations entre le gouvernement tunisien et l’UGTT (750 000 adhérents), n’ont toujours pas permis de trouver un terrain d’entente entre les deux parties. La centrale syndicale reste toujours opposée aux projets de privatisations et de restrictions dans la fonction publique.

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La prévision de réduction d’effectifs et de salaires dans la fonction publique ne passe pas auprès de l’UGTT. En outre l’inflation et la « circulaire 20 » de décembre 2021 sont décriées par la centrale. Cette note empêche les ministères entreprises et institutions publiques d’entamer des négociations syndicales sans l’accord préalable du gouvernement.

Aujourd’hui, ce sont une centaine d’entreprises publiques, les transports, l’aéroport, le port qui sont concernés par ce mouvement de débrayage. Les soutiens du président Saïed accusse la centrale de vouloir faire de la politique.

Une arme politique contre Kaïs Saïed

Bien qu’elle affirme que son action ne revêt aucun caractère politique, l’UGTT a été de tous les combats politiques de la Tunisie avant et après l’indépendance. Elle a également été au centre de la révolution de 2011 qui a renversé l’ancien président Ben Ali. Après elle a contribué aux négociations différents groupes politiques, ce qui lui a d’ailleurs valu le prix Nobel de la Paix en 2015, associée à trois autres organisations.

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Ce poids de la centrale, le président Saïed ne l’ignore pas. Il l’avait même obtenu le soutien du syndicat en juillet dernier quand il s’est accaparé des pleins pouvoirs. Mais son accaparement de tous les pouvoirs est dénoncé par le syndicat qui ne se sent plus écouté.

Elle a même refusé de participer au comité consultatif mis en place pour rédiger un projet de Constitution qui sera soumis à un référendum le 25 juillet. Les partis politiques d’opposition sont exclus de ces consultations. La CGTT peut donc être vue comme un rempart pour les politiques contre le président. Elle est d’ailleurs soutenue par cinq partis politiques et exige un débat inclusif sur les questions politiques, économiques et sociales.

Esso A.