Opérationnalisation de l’Alliance des États du Sahel : le compte à rebours de la Cedeao est-il lancé?

Opérationnalisation de l’AES - le compte rebours de la Cedeao est-il lancé?

Les ministres des Affaires étrangères du Mali du Burkina-Faso et du Niger, se sont réunis ce mercredi. Le but est d’adopter une architecture institutionnelle à l’Alliance des États du Sahel (AES), une alliance de défense que les trois pays ont créée il y a deux mois.

La réunion qui a eu lieu ce jour fait suite à la réunion des experts des trois pays. Depuis la création de l’AES à travers la signature de la charte du Liptako-Gourma, les trois pays multiplient les rencontres pour solidifier leur alliance. En plus des ministres des affaires étrangères, plusieurs ministres du gouvernement malien étaient présents, ainsi que du corps diplomatique accrédité dans le pays.

L’AES, une alliance bientôt opérationnelle

Selon le communiqué du Mali, la réunion du jour a pour objet « l’adoption des protocoles additionnels et des organes à mettre en place ainsi que la définition des mesures politiques et de coordination diplomatique ». Ce qui signifie un élargissement des domaines de compétences de l’AES, qui au départ n’était qu’un cadre de défense collective pour combattre les terroristes qui nuisent aux trois pays.

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L’évolution du statut de l’alliance a aussi été économique. Le week-end dernier, les trois pays ont annoncé mutualiser leurs projets économiques, notamment dans le domaine énergétique, industriel, financier et même dans la création d’une compagnie aérienne commune. « Notre alliance ne se limite plus à la défense et la sécurité » a indiqué le ministre Abdoulaye Diop. L’AES vise désormais à être « un espace où l’indépendance et le développement économique(…) sont solidement ancrés » a-t-il ajouté.

La ministre Burkinabè Olivia Ragnaghnèwendé Rouamba, a rappelé de son côté, « le manque de solidarité évident des institutions sous-régionales et régionales africaines » envers leurs trois pays confrontés à une situation sécuritaire difficile. Quant à son homologue du Niger, Bakary Yaou Sangaré, il a estimé que l’AES vise à assurer « que plus jamais on nous impose des dirigeants à la solde », ni « des systèmes de prédation de nos ressources ».

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Il est donc clair que cette alliance va embrasser tous les champs de compétence de la Cedeao, qui était censée au départ, n’être qu’une alliance économique. Il faut rappeler que les trois pays membres de l’AES sont tous suspendus des instances de la Cedeao. Il ne  serait pas donc pas étonnant que le Mali, le Burkina-Faso et le Niger, à la fin du processus d’opérationnalisation de la nouvelle alliance, annoncent leur retrait de la Cedeao, ou du moins ne mettent plus en priorité leur retour au sein de la communauté.

D’autant plus qu’ils l’accusent d’être instrumentalisé par des puissances extérieures et de s’éloigner d’avantage des intérêts des populations. Qu’en sera-t-il alors de la Cedeao, si d’autres membres de la communauté viennent cogner à la porte de l’AES ?

Esso A.