Tchad : quand le clan Deby se déchire pour le pouvoir

Tchad - quand le clan Deby se déchire pour le pouvoir

Après une journée de mercredi mouvementée, le calme semble revenir ce jeudi à N’Djaména, la capitale du Tchad. L’ultime division au sein du clan Deby s’est transformée en un assaut des forces de l’ordre sur le siège du parti de l’opposant Yaya Dillo.

C’est dans la nuit du mardi 27 au mercredi 28 février que tout a commencé avec une attaque contre le siège des services des renseignements (ANSE), selon les autorités. Le communiqué officiel a accusé Yaya Dillo et les membres de son parti de l’attaque sur fond d’accusation de tentative de meurtre contre le président de la Cour suprême. Tout ceci explique l’assaut lancé contre leur siège.

Bataille au sein du clan Deby

La journée du mercredi 28 février a été mouvementée à Ndjaména. Des tirs à l’arme lourde et des détonations ont rythmé l’après-midi des paisibles populations impuissantes devant le spectacle des chars et blindés de l’armée qui barricadaient certains artères de la capitale. Ces populations ont aussi été soumises à une « fouille généralisée systématique » durant la nuit, ordonnée par le président de transition, Mahamat Idriss Deby.

Tirs nourris à N’Djaména : Que se passe-t-il au Tchad ?

Alors que le ministre de la Sécurité avait indiqué dans la journée que des arrestations ont eu lieu au siège du parti et que l’opération n’a pas occasionné de victimes, les tirs à l’arme lourde l’après-midi peuvent laisser supposer le contraire. Des images sur internet montrent les dégâts subis par un bâtiment présenté comme le siège du PSF. Depuis hier nuit, les médias locaux annoncent la mort de plusieurs membres du PSF ainsi que de leur chef l’opposant Yaya Dillo. L’information vient d’être confirmée par Oumar Kedellaye, Procureur de la République près de Tribunal de Grande Instance de N’Djamena.

Ces évènements que subissent les populations sont regrettables et se présentent comme l’épilogue de la division du clan Déby. Elle a commencé en 2021 avec le départ de Yaya Dillo (cousin d’Idriss Déby Itno) du MPS, le parti présidentiel, suite à la mort de sa mère lors d’un assaut de l’armée contre leur maison le 28 février. L’ancien chef rebelle et ministre des Mines n’était d’ailleurs plus en odeur de sainteté avec le clan. Il devient donc un opposant farouche au président Déby au sein du PSF. Après la mort du président, son fils Mahamat devint donc son principal adversaire.

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Yaya Dillo, président du PSF

Le clan Deby s’est encore plus divisé en février 2024, quand le général Saley Déby Itno, jeune frère du défunt président et oncle de Mahamat, s’est rallié au PSF. C’était suite au choix de Mahamat Idriss Déby comme candidat à la présidentielle dont la date a été annoncée hier et qui est le 6 mai prochain. Aussi ces évènements qui ont occasionné la mort de Yaya Dillo, ajouté à l’arrestation du général Saleh Déby annoncé par des sources, s’apparente à une purge pour éliminer toute opposition au président de la transition.

D’autant plus que Yaya Dillo indiquait hier matin à l’AFP qu’il n’était pas présent lors de l’incident à l’ANSE et a dénoncé un « mensonge » dans le but de l’« éliminer physiquement ». Il a aussi dénoncé « une mise en scène » concernant les allégations de tentative du président de la Cour suprême. La confirmation de sa mort confirme ses dénonciations et entérine une forfaiture du président de la transition pour être seul fort dans le clan Déby et s’éterniser au pouvoir.

La Rédaction