Mali : Assimi Goïta bientôt devant la justice pour détentions administratives illégales

Mali , Assimi Goïta bientôt devant la justice pour détentions administratives illégales

Détentions administratives illégales, c’est ce qui est reproché à l’actuel chef de l’Etat malien, le Colonel Assimi Goïta. Car depuis le deuxième coup d’Etat militaire, l’ex-président de la transition Bah N’Daw et l’ex-Premier ministre Moctar Ouane sont toujours en résidence surveillée. La réclusion de ces deux hautes autorités suscite des réactions et menaces vis-à-vis de Goïta.

L’avocat de l’ex-président de la transition Bah N’Daw et l’ex-Premier ministre Moctar Ouane a donné le ton, ce mercredi. Il menace d’attraire le Colonel Goïta devant la justice. Au même moment, l’Amnesty International dénonce des détentions administratives illégales et réclame la libération des deux personnalités.

Un procès probable contre Goïta ?

Pour Maître Mamadou Ismaila Konaté, avocat de Bah N’Daw et Moctar Ouane, l’assignation à résidence surveillée a été ordonnée par le chef de l’Etat, Assimi Goïta. C’est lui qui « donne les ordres », a-t-il déclaré.

De son côté, Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, l’a confirmé en ces termes : « L’assignation à domicile prolongée de ces personnalités a été ordonnée entre autres par le colonel Goïta, sans autorisation judiciaire. Elle s’apparente à une détention arbitraire en violation de l’article 4 de la constitution malienne et de l’article 9.1 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le pays, ».

Pour cela, Me Konaté demande la libération totale de ses clients, au risque des démarches judiciaires. L’ancien ministre de la justice du Mali a indiqué que : « La première démarche judiciaire consistera à saisir en urgence la Cour de justice de la Cédéao en mettant en avant les violations de ces deux personnalités et en mettant personnellement en cause le colonel Goïta, l’État du Mali en responsabilité. »

Face à ces détentions administratives illégales, l’avocat de Bah N’Daw et Moctar Ouane ne souhaite pas lancer un ultimatum au Colonel Assimi Goïta. Toutefois, il reste dans « l’attente d’un rendez-vous pour le voir. À défaut, je lui enverrai une correspondance. La semaine qui s’ouvre sera déterminante en tout état de cause », a fait savoir Maître Konaté.

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Détentions administratives illégales et libération immédiate

Les privations de liberté, depuis bientôt deux mois, d’anciens hauts dirigeants maliens, « ne se justifient pas et doivent être levées immédiatement et sans conditions », a déclaré Amnesty International mercredi 14 juillet 2021. L’organisation de défense et de protection des droits humains emboite le pas à l’Union africaine, l’Union européenne, les Nations unies ainsi que d’autres nombreuses organisations de défense des droits de l’homme qui demandent également la fin des détentions administratives illégales des deux anciens dirigeants.

Aussi, les généraux Mohamed Lamine Ballo et Souleymane Doucouré, qui avaient été nommés respectivement ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, et ministre de la Défense, sont aussi concernés par la requête de libération de l’Amnesty International. « Les droits à ne pas être détenu arbitrairement, à la liberté de mouvement et à la liberté d’expression de ces quatre personnalités ainsi que ceux de certains membres de leurs familles sont entravés. Les autorités ont invoqué des raisons de sécurité qui ne peuvent justifier ces détentions illégales et autres violations », a souligné Samira Daoud.

Elle a insisté que « Les autorités maliennes doivent garantir le respect des obligations internationales du pays en matière de droits humains et notamment procéder à la libération dans les plus brefs délais de ces quatre personnalités publiques, en s’abstenant d’imposer des conditions à propos de leur sécurité. ».

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Boscar A.