Rejet en mer d’eaux contaminées : les garanties de l’agence internationale AIEA peinent à convaincre

Rejet d'eaux de Fukushima - les garanties de l’agence internationale AIEA peinent à convaincre

Le jeudi 24 août, le Japon a commencé à rejeter dans l’océan Pacifique, les eaux de Fukushima, utilisées pour refroidir les réacteurs endommagés de la centrale nucléaire. Autorisée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), cette opération a et continue de susciter des levées de boucliers, par crainte d’une pollution des eaux et des populations de la mer.

En 2011, suite à un tsunami, trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au Japon sont entrés en fusion. Les populations environnantes ont été évacuées par crainte d’une contamination de la zone en substances radioactives, d’autant plus que des explosions d’hydrogène ont touché les bâtiments des réacteurs. Depuis, une grande quantité d’eau est utilisée pour refroidir ces réacteurs en vue du démantèlement de la centrale, et cette eau contaminée est traitée et stockée sur le site.

Eaux de Fukushima : contaminées ou non ?

L’opération est prévue pour durer des décennies, jusqu’au début des années 2050. De manière graduelle et sous supervision de l’AIEA, le Japon compte déverser dans l’océan Pacifique plus de 1,3 million de tonnes d’eau issu de la centrale de Fukushima. Cette eau provenant de la pluie, des nappes souterraines ou des injections est utilisée pour refroidir les cœurs de ces réacteurs. Elle est ensuite récupérée, filtrée et stockée sur le site de la centrale. Mais les capacités de stockage sont bientôt saturées.

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En juillet dernier, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a validé l’option du Japon de déverser ces eaux de Fukushima en mer à 1 kilomètre de la côte, via un conduit sous-marin. Tokyo et l’agence assurent que cette opération est sans danger pour l’environnement. L’AIEA a indiqué qu’elle n’aurait qu’un impact « négligeable » sur le population et l’environnement. Ils rassurent que ces eaux de Fukushima ont été traitées au préalable pour les débarrasser de leurs substances radioactives, sauf le tritium qui n’a pu l’être avec les technologies existantes.

Toutefois, rassurent encore les experts, cette substance est naturellement présente dans l’eau de mer et n’est nocive à l’être humain qu’à des doses très élevées. Tepco, l’opérateur de la centrale, prévoit de diluer ces eaux avec de l’eau de mer, avant de les jeter dans l’océan, ce qui va réduire le niveau de leur radioactivité à moins du plafond visé de 1500 becquerels par litre (Bq/l). Il assure que des tests ont été réalisés en mer, depuis le début du rejet, et qui confirment que le niveau de radioactivité ne dépasse pas ce plafond.

Méfiance générale, malgré les garanties de l’AIEA

Depuis que le Japon a annoncé le rejet des eaux de Fukushima dans la mer, beaucoup de voix se sont élevées pour s’opposer à cette opération. L’ONG environnemental Greenpeace a accusé le gouvernement nippon de « minimiser les risques de radiation », un avis partagé par les pêcheurs japonais. Après une rencontre avec le Premier ministre japonais, le représentant de l’industrie de la pêche nippone, Masanobu Sakamoto, a réitéré leur opposition au rejet des eaux de Fukushima. « Je lui ai dit que la sécurité scientifique n’équivaut pas nécessairement à un sentiment de sécurité dans la société », avait-il déclaré.

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Accident nucléaire de Fukushima

La population de la Corée du Sud avait aussi manifesté son opposition. En juillet, des manifestants à Séoul ont dénoncé l’examen « insuffisant » de l’AIEA. La Corée du Nord a aussi dénoncé « le comportement déraisonnable de l’AIEA qui soutient et facilite activement le rejet projeté par le Japon d’eau polluée par le nucléaire, ce qui est inimaginable », dans un communiqué du ministère de la Protection de l’environnement. Ce rejet des eaux de Fukushima aura « un impact négatif fatal sur les vies humaines, la sécurité et l’environnement écologique » s’est inquiété le communiqué.

La plus grande opposition vient de la Chine. Le pays a décidé en juillet d’interdire les importations de denrées alimentaires venant de dix départements japonais dont Fukushima. Des tests de radiation ont aussi été imposés aux denrées provenant du reste du Japon. Mardi dernier, à l’annonce du début imminent de l’opération, le porte-parole de la diplomatie chinoise Wang Wenbin a indiqué que « l’océan est la propriété de toute l’humanité, ce n’est pas un lieu où le Japon peut arbitrairement rejeter de l’eau contaminée ».

Depuis le début de l’opération de rejet des eaux de Fukushima, le Japon dénonce un harcèlement chinois matérialisé par des actes anti-japonais.

Esso ASSALIH