Élections au Mali : faible taux de participation, une coutume encore respectée !

Élections au Mali : faible taux de participation, une coutume encore respectée !

De mémoire d’homme, ou du moins depuis l’instauration du multipartisme en Afrique, les élections au Mali ont toujours connu un faible taux de participation. Jamais au-delà de 50 % mais oscillant souvent entre 25 et 40%, faisant dire à des observateurs que le faible taux de participation est une norme malienne. Une règle qui semble encore avoir été respectée dimanche passé.

Les maliens étaient appelés ce dimanche 18 juin aux urnes, pour voter en faveur ou contre une nouvelle constitution. Le scrutin s’est déroulé sans grands incidents même s’il n’a pu se tenir sur l’ensemble du territoire national. Les résultats sont attendus dans les heures et jours à venir mais les spéculations sur le taux de participation, un des enjeux de cette élection, vont bon train. L’autorité en charge des élections n’a, de son côté, encore communiqué aucun chiffre.

Taux de participation, un enjeu majeur

Le référendum constitutionnel de dimanche était le premier test électoral des autorités maliennes de transition. Dans ce contexte, le taux de participation est scrupuleusement scruté par les soutiens et opposants des autorités, car considéré comme le marqueur de l’adhésion populaire dont jouissent ces autorités. Et bien avant l’Autorité de Gestion des Élections au Mali (AIGE), les observateurs avancent déjà leurs chiffres.

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La Mission d’observation électorale, un rassemblement de plusieurs organisations de la société civile qui a déployé plus de 3000 observateurs dans le pays, indique un taux de participation de 27%. Des chiffres déjà brandis comme une preuve de la non engouement des populations au projet constitutionnel. Mais une telle conclusion serait hâtive vu le contexte d’insécurité dans lequel est organisé ce scrutin et l’historique comportement des maliens face aux élections.

En effet, depuis l’instauration des élections multipartites après les années 1990 en Afrique, le taux de participation aux successives élections au Mali n’a jamais dépassé les 50%, même en temps de paix. Mieux, la moyenne est de 35%. Les dernières élections ont connu un taux de 34% au second tour de la présidentielle de 2018 et 35% aux législatives de 2020, une participation déjà en deçà des élections précédentes.

L’habitude de ne pas aller voter

L’intérêt des maliens pour les élections, qui n’a jamais été très élevé, a connu un pic en 2013 à cause des espoirs fondées dans cette présidentielle suite à la période transitoire tumultueuse du capitaine Amadou Haya Sanogo et aux spirales de violences terroristes instiguées par les rebelles sécessionnistes du MNLA. Les populations maliennes espéraient donc retrouver la paix à travers ces élections d’autant plus qu’elles étaient soutenues par la communauté internationale et succédaient à des négociations entre les rebelles et le gouvernement.

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Le taux de participation a donc été de près de 50% au premier tour et un peu plus de 45% au second tour. Mais la guerre qui s’est poursuivie et les difficultés qui en découlent dans la vie quotidienne des populations, ont jeté ces dernières dans une indifférence qui s’est reflétée à travers leur participation aux élections de 2018 et 2020. Le scrutin référendaire de cette année intervient donc dans ce contexte. Il s’agit du premier scrutin depuis la campagne de manifestations populaires contre le président IBK débutée en 2020 et qui a abouti au coup d’État d’août et l’arrivée au pouvoir des militaires.

Bien que populaire, cette nouvelle équipe dirigeante ne peut renverser, comme par enchantement, la tendance par rapport aux habitudes électorales des maliens. Et le climat sécuritaire, bien qu’améliorée, est toujours tendue et peut justifier une méfiance des électeurs. Aussi, le taux de participation, un élément important pour la légitimée de la constitution, doit être appréhendé par rapport au contexte malien : l’indifférence aux élections et l’insécurité. D’ailleurs, la première donnée n’est pas propre au Mali, mais se remarque également dans beaucoup d’autres pays africains.

Esso ASSALIH

Credit Photo: Maliweb