Le dimanche 18 juin, le Mali a rendez-vous avec son histoire. Le pays est appelé à se doter d’une nouvelle constitution qui va marquer le fondement du « Mali Koura » tant vanté par les autorités de transition qui ont engagé leur pays sur une nouvelle voie depuis deux ans. Bien que quelques voix s’élèvent contre le référendum constitutionnel, l’appel au vote ce dimanche est largement répandu.
Le Mali vibre ces jours aux rythmes de la pré-campagne référendaire. Des meetings de différentes organisations se succèdent pour sensibiliser sur la nécessité d’aller voter. Ce jeudi 15 août a même été déclarée « journée citoyenne pour encourager le retrait des cartes d’électeurs » et chômée payée par les autorités. Pendant ce temps les camps en faveur du oui et du non s’affrontent à travers des mobilisations et des appels.
Un rendez-vous aux grands enjeux
Vaille que vaille la transition malienne est en train d’égrainer les différents points inscrits dans son chronogramme. Après l’accalmie retrouvée avec les instances sous-régionales et internationales, se sont enchainées les assises nationales qui ont débouché sur des recommandations et la rédaction d’un projet de nouvelle constitution. Aussi, après un premier report, le référendum constitutionnel va finalement se tenir le dimanche 18 juin, pour décider de l’adoption ou pas de cette nouvelle loi fondamentale.
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Pour rappel les militaires ont voté par anticipation le 11 juin. Pour nombre de maliens rencontrés à Bamako par notre rédaction, ce scrutin est crucial pour ce pays d’Afrique de l’ouest. « Ça fait longtemps qu’on est sur le même système donc il est temps de changer, de voir autre chose » a estimé Moulaye, un bamakois du quartier Djatoula Cité. Même son de cloche au niveau de Aissata qui regrette cependant de n’avoir pu transférer son nom à Bamako où elle réside actuellement, alors qu’elle s’est faite enrôlée dans son village à Ménaka.
Mais pour Souleymane rencontré à Faladè, l’initiative de ce référendum constitutionnel ne fait pas partie des prérogatives des autorités de transition. « Le pouvoir en place n’est pas habilité à faire ce référendum car l’ancienne constitution stipule qu’un président de la transition ne doit pas modifier la constitution », a-t-il laissé entendre.
Un référendum constitutionnel qui ne fait pas l’unanimité
Les mouvements signataires de l’accord d’Alger regroupés au sein du CSP-PSD ont déjà exprimé leur opposition à ce référendum constitutionnel. Ils ont, dans un communiqué du 6 juin, demandé son report afin de créer les conditions d’aboutir à un texte suffisamment participatif. Certains religieux à l’instar de l’imam Mahmoud Dicko ont aussi exprimé leur opposition. La CMAS, le mouvement de ce dernier, a d’ailleurs déposé 3 requêtes contre la tenue du scrutin.
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Certain partis politiques comme le Parena estiment également que ce nouveau texte donne trop de pouvoirs au Président de la République. La question du contrôle de l’ensemble du territoire malien s’invite également dans les débats. Le 11 juin, le vote par anticipation des militaires n’a pas pu se tenir à Kidal, une ville toujours contrôlée par l’ex-rébellion. Cette situation qui risque de se reproduire pour le vote de dimanche ne décourage pas pour autant les populations. Pour Moulaye, les opposants au scrutin doivent reconnaitre que l’ancien système est vieux et qu’il faut le changer.
Mais Mme Aissata est plus catégorique. « Ce sont des ennemis du Mali, des gens qui ne veulent pas que le Mali évolue » a-t-elle lancé rejetant l’argument de la laïcité évoquée par certains détracteurs de la loi fondamentale. Aussi, elle a invité tous les maliens inscrits à aller voter « et je précise de voter oui pour la constitution parce que c’est dans notre intérêt » a-t-elle martelé. « Étant donné que le pouvoir veut coûte que coûte ce référendum constitutionnel », Souleymane a aussi invité les maliens à aller voter, « que ce soit pour le oui ou le non ».
Esso ASSALIH