Fin de l’accord d’Alger : les cinq fautes graves reprochées à l’Algérie par les autorités maliennes

Fin de l’accord d’Alger - les cinq fautes graves reprochées à l’Algérie par les autorités maliennes

Les autorités maliennes ont annoncé ce jeudi soir « la fin avec effet immédiat » de l’accord d’Alger signé en 2015. Des deux communiqués annonçant cette décision, il ressort qu’elle est motivée, entre autres, par des manœuvres du voisin algérien, garant de cet accord, que Bamako juge inacceptables.

L’accord d’Alger a été signé en 2015 au fort de la crise sécuritaire malienne, entre les autorités du pays et groupes rebelles du nord revendiquant une indépendance. Cet accord était censée amener la paix dans le pays mais a été fortement remise en cause par la reprise en 2023, des hostilités contre l’État et l’armée du Mali par les groupes rebelles du nord.

Instrumentalisation de l’accord d’Alger

Selon le deuxième communiqué lu hier soir à la télévision nationale par le ministre de l’Administration, le colonel Abdoulaye Maïga, trois raisons justifient le choix de mettre fin à l’accord d’Alger. Il s’agit d’abord du changement de posture de certains groupes signataires de l’accord, devenus des acteurs terroristes ; ensuite de l’incapacité de la médiation internationale à assurer le respect des obligations incombant aux groupes armées signataires.

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Enfin, les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord d’Alger par les autorités algériennes. Ces actes inamicaux des autorités algériennes ont été détaillés dans le premier communiqué. Plusieurs griefs sont reprochés aux autorités algériennes notamment l’imposition d’un délai de transition aux autorités maliennes de manière unilatérale. En outre il leur est reproché d’avoir accueilli des citoyens maliens subversifs et des citoyens maliens poursuivis au Mali pour acte de terrorisme, sans concertation préalable avec les autorités maliennes.

Le troisième grief relevé par le communiqué est l’existence sur le territoire algérien de bureaux assurant la représentation de certains groupes signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, devenus des acteurs terroristes. Est aussi souligné la volonté des autorités algériennes de maintenir le régime de sanctions des Nations-Unies concernant le Mali. Le dernier grief cité est la main cachée des autorités algériennes dans une manœuvre consistant à imposer un chapitre sur le Mali lors du sommet des non-alignés à Kampala en Ouganda, tenu du 15 au 20 janvier 2024.

Condescendance d’Alger

Au cours du sommet de Kampala, le Mali avait rejeté un chapitre le concernant dans le document final. Les amendements faits par le pays n’ont pas été pris en compte, et le Mali s’est désolidarisé du rapport final. Le communiqué d’hier accuse l’Algérie d’être derrière cette manœuvre, puisque ce pays a été le seul dont les experts s’étaient opposés aux amendements de la délégation malienne. Ces derniers avaient indiqué que toute modification de la rédaction contestée devait recueillir au préalable l’assentiment des autorités algériennes, précise le communiqué.

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Signature de l’accord de paix d’Alger en 2015

Le Mali déduit de tous ces évènements que l’Algérie considère son voisin comme son arrière-cour ou un État paillasson, sur fond de mépris et de condescendance. Aussi, le Mali exige des autorités algériennes de cesser leur hostilité. Il les invite à observer les trois principes fondamentaux guidant l’action publique au Mali à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect de ses choix de partenariat et ses choix stratégiques et enfin la prise en compte des intérêts du peuple malien dans toutes les décisions.

Le communiqué invite les groupes signataires du caduc accord d’Alger et non impliqués dans le terrorisme ainsi que les partenaires du Mali à s’inscrire dans l’esprit du dialogue direct inter-malien annoncé par le président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, le 31 décembre dernier.

Esso A.