Le Mali a pris part du 19 au 20 janvier au Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement du Mouvement des non-alignés (MNA) en Ouganda. A cette occasion, le ministre de l’Administration, le colonel Abdoulaye Maïga représentant le Mali, a dénoncé le document final des résultats du Sommet, notamment le chapitre concernant son pays.
Le mouvement des non-alignés est une organisation internationale regroupant 120 États et née durant la guerre froide. Ces pays revendiquaient une neutralité dans la dualité qui opposait le bloc de l’est représenté par l’Union soviétique et le bloc de l’ouest conduite par les États-Unis. Ces pays continuent par revendiquer leur statut, ni avec ni contre une puissance sur l’échiquier mondial.
Polémique au mouvement des non-alignés
Le mouvement des non-alignés était à son 19e sommet ces 19 et 20 à Kampala, la capitale ougandaise. La délégation du Mali était conduite par les ministres de l’Administration territoriale, Porte-parole du gouvernement, M. Abdoulaye Maïga et des Affaires étrangères, M. Abdoulaye Diop. A cette occasion, le Porte-parole du gouvernement malien, a tenu un discours dans lequel il s’est opposé au texte proposé sur le Mali dans le document final sur les résultats du Sommet.
Réunion avec les rebelles : le Mali accuse l’Algérie d’« actes inamicaux »
En effet, le Colonel Abdoulaye Maïga a relevé une « entorse grave à l’usage diplomatique » du mouvement des non-alignés au détriment du Mali. Il a rappelé que le MNA a une ADN propre, qui veut que chaque pays se prononce sur un texte portant sur lui dans le document final des discussions. Et le Ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a formulé des amendements au projet de document final du Sommet des non-alignés.
Mais contre toute attente, ces amendements ont été refusés « par je ne sais qui, et au nom de je ne sais quoi » s’est étonné le Porte-parole du gouvernement malien. Et « malgré sa (Abdoulaye Diop NDLR) vive protestation lors de la conférence des Ministres des Affaires étrangères, la situation ne semble pas avoir évolué » a-t-il ajouté. Selon le ministre « rejeter les amendements d’un État membre sur un sujet qui concerne d’abord et avant tout cet État lui-même est un fait suffisamment grave, qui alerte sur le danger qui guette » le mouvement des non-alignés.
L’Algérie pointée du doigt
Le ministre Maïga pointe du doigt des « velléités d’un pays d’imposer son agenda et s’ingérer dans les affaires intérieurs d’autres États ». De sources proches du dossier, ce texte sur le Mali vise à redonner de la force à l’accord de paix d’Alger, que Bamako semble ne plus considérer. Ce texte aurait été introduit par l’Algérie, garant de la mise en œuvre de cet accord et en crise diplomatique avec le Mali.
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Bamako avait accusé son voisin d’« actes inamicaux », lorsque le président algérien avait reçu des représentants des mouvements rebelles (CSP) chassés du nord du Mali par les nouvelles autorités du pays. Alger s’était défendu de veiller à l’instauration d’une paix au Mali à travers le dialogue entre les différentes parties. Cette situation avait occasionné le rappel des ambassadeurs de chaque pays sur le territoire de son voisin. Malgré leur retour, la tension existe toujours entre les deux États.
Aussi, dans son discours, M. Maïga a indiqué que le Mali se dissocie totalement de la rédaction proposée et exige un retrait pur et simple du chapitre incriminé dans le rapport final. Le ministre, Colonel Maiga, a aussi appelé à revoir le fonctionnement du Mouvement des non-alignés. Pour un chapitre qui porte sur un État membre, « il est important d’obtenir par écrit le consentement de l’État, ainsi que le pays qui est à l’origine du projet de chapitre ».
Dans le cas contraire, « il y a une forte probabilité de raser la tête d’un État membre en son absence et sans son consentement, ce qui ressemble à de la sorcellerie » a souligné le ministre Abdoulaye Maïga, un habitué des formules percutantes et évocatrices.
Esso A.