Guinée-Bissau : coup d’État ou coup monté ?

Guinée-Bissau coup d'État ou coup monté ?

Suite aux évènements de vendredi dernier qualifiés par Umaro Sissoco Embalo de tentative de coup d’État, le président de la Guinée-Bissau a décidé de dissoudre le parlement. Une initiative qui, au vu de la constitution du pays constitue un coup d’État constitutionnel, selon l’opposition.

Tout a débuté dans la nuit du jeudi, quand des éléments de la garde nationale ont fait irruption dans les locaux de la police judiciaire pour libérer le ministre des finances et un autre haut responsable qui y étaient interrogés. Après l’exfiltration, ils se sont retranchés dans une caserne et des affrontements ont eu lieu avec la garde présidentielle jusqu’au vendredi matin.

Imbroglio en Guinée-Bissau

Hier lundi, le président de la Guinée-Bissau a décidé de dissoudre le parlement élu en juin 2023 et dominé par l’opposition. Il justifie cette décision par les affrontements de jeudi à vendredi, qui relèvent selon lui d’une « tentative de coup d’État ». Il a dénoncé une « complicité » entre la garde nationale, qui est à l’origine des affrontements, et « certains intérêts politiques au sein même de l’appareil d’État ».

Tentative de coup d’Etat en Guinée-Bissau: la vie du président était visée

En effet, la garde nationale relève du gouvernement (ministère de l’intérieur), qui est une émanation du Parlement dominé depuis juin 2023 par l’opposition. Depuis l’élection législative, le président de la Guinée-Bissau est soumis à une cohabitation difficile avec le parlement, et cette situation n’a jamais été à son gout. Aussi, ces évènements peuvent offrir sur un plateau d’argent, le motif pour se débarrasser de cette opposition qui embarrasse dans le gouvernement.

Umaro Sissoco Embalo a clamé avoir toutes les preuves de la tentative de coup d’État. Face à cela, « le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible » s’est-il défendu. « La date des prochaines élections législatives sera fixée le moment opportun, conformément aux dispositions (…) de la Constitution » a ajouté un décret présidentiel communiqué à la presse. Sauf que l’opposition a protesté à travers le président de l’Assemblée nationale, qui dénonce un coup d’État constitutionnel.

La Cedeao interpellée

Selon Domingos Simoes Pereira, président de l’Assemblée nationale, la Constitution interdit la dissolution du Parlement avant six mois d’exercice. Or, cette assemblée, élue en juin 2023, ne fait que trois mois d’exercice. Cet argument ne semble pas émouvoir le président de la Guinée-Bissau, le moins du monde. Ce dernier s’est déja réapproprié des postes ministérielles occupés par l’opposition dans le gouvernement.

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Les deux ministres exfiltrés ont été retrouvés et replacés en détention, le commandant de la Garde présidentielle mis aux arrêts et le calme revenu depuis vendredi. Alors la question d’une tentative de coup d’État et la nécessité de la dissolution du parlement élu au suffrage universel il y a quelques mois se pose. D’autant plus que cette mesure est dénoncée comme une violation de la Constitution.

Le président offre là à ses détracteurs, un argument pour l’accuser de profiter de la situation pour reprendre la main alors que la population lui retire peu à peu sa confiance. Cette situation de la Guinée-Bissau pourrait être dorénavant opposée à la Cedeao qui doit se réunir le 10 décembre pour décider de sa conduite envers le Niger, et subsidiairement envers le Burkina-Faso et le Niger.

La Rédaction