Haïti oublié par le reste du monde et livré aux gangs

Haïti oublié par le reste du monde et livré aux gangs

La situation à Haïti devient chaque jour plus préoccupante, avec une montée en flèche de la violence et de l’insécurité qui touche désormais toutes les communes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Entre le 1er janvier et le 15 août 2023, plus de 2 400 personnes ont perdu la vie, 902 ont été blessées, et 951 ont été enlevées, selon un rapport alarmant de l’ONU. Cette escalade brutale de la violence contraint la population haïtienne à vivre dans la peur et l’incertitude.

Les gangs en maîtres à Haïti

Les gangs, en particulier, ont gagné en brutalité, allant jusqu’à mutiler et brûler des corps en public, diffusant ensuite ces images horribles sur les médias sociaux. Les écoles sont devenues des cibles fréquentes, avec une multiplication par neuf des attaques perpétrées par des membres de gangs au cours de l’année écoulée. De plus, de nombreux professionnels de la santé ont fui le pays, laissant la population sans accès à des soins essentiels.

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Les enfants ne sont pas épargnés, puisque les gangs continuent de les recruter, les utilisant comme informateurs, messagers, et même les impliquant dans des enlèvements et des vols. Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement vulnérables à la violence des gangs, y compris aux viols collectifs, ce qui aggrave davantage la crise humanitaire en cours.

Face à cette spirale de violence, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme appelle à un déploiement urgent d’une mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti. Cette mission aurait pour but d’aider la Police nationale haïtienne à lutter contre le crime organisé, les gangs armés, et le trafic international d’armes, de drogues, et d’êtres humains.

Éviter les abus

Si le déploiement d’une mission s’avère indispensable pour enrayer le cycle de violences en Haïti, il est crucial que cette mission respecte les normes internationales en matière de droits de l’homme et qu’elle soit assortie de mécanismes de contrôle interne pour prévenir les abus et l’exploitation. La priorité doit être la stabilisation de la sécurité dans le pays.

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La situation des détenus en Haïti est également préoccupante. Les prisons du pays sont surpeuplées, comptant près de 12 000 détenus à la fin du mois de juin 2023, soit plus de trois fois leur capacité maximale. Près de 85% de ces détenus sont en détention provisoire, vivant dans des conditions inhumaines.

Steven Edoé Wilson