‘’Tu violes, je viole’’ : en substance, la réponse cinglante du Mali à la Cedeao

‘’Tu violes, je viole’’- en substance, la réponse cinglante de la diplomatie malienne à la Cedeao

La diplomatie malienne a adressé une réponse du berger à la bergère à la Cedeao à propos du retrait de l’AES de la communauté ouest-africaine. Dans une note du 6 février, le ministère malien des Affaires étrangères a rejeté le délai d’un an opposé par l’organisation à ces États.

Depuis le 28 janvier, le Mali, le Burkina et le Niger ont annoncé conjointement leur sortie de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Depuis, des tractations sont menées par la communauté pour trouver une « solution négociée » à laquelle elle s’est engagé. Mais du côté des sécessionnistes, la décision semble définitive.

La diplomatie malienne renvoie la Cedeao à ses responsabilités

Accusant réception de la réponse de la Cedeao à l’annonce de Bamako, la note du ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a apporté des précisions. En effet, le Mali a réitéré « le caractère irréversible » de sa décision « de se retirer sans délai de la CEDEAO ». Cette précision signifie que Bamako ne se soumettra pas au délai d’un an imposé par les textes pour qu’une telle démarche soit effective.

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Au-delà des « raisons légitimes mentionnées dans le communiqué » de retrait, la diplomatie malienne justifie le « sans délai » par « la violation par l’Organisation de ses propres textes ». Ces violations sont énumérés comme suit : par sa décision du 9 janvier 2022, la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, a imposé des sanctions contraires aux dispositions communautaires pertinentes, précise le communiqué.

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Ces dispositions sont : « le Traité révisé de la CEDEAO du 24 juillet 1993 » et le « Protocole additionnel A/SA.13/02/12 du 17 février 2012 portant régime des sanctions à l’encontre des États membres qui n’honorent pas leurs obligations vis-à-vis de la Cedeao ». La diplomatie malienne souligne que ni ces textes, ni aucun autre instrument juridique de l’Organisation ne prévoit la fermeture des frontières à un État membre.

Une autre disposition violée par la Cedeao est l’article 125 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982, qui traite du droit d’accès à la mer et depuis la mer. L’organisation a ainsi violé la liberté de transit du Mali. Aussi, ces manquements de l’organisation « rendent le traité de la CEDEAO inopérant », insiste le communiqué.

Ceci au regard des dispositions pertinentes de la Convention de Vienne sur le Droit des Traités de 1969, notamment celles relatives à la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. A travers tous ces arguments, la République du Mali indique qu’elle n’est pas liée par les contraintes de délai évoquées par la Commission de la CEDEAO.

Esso A.