Retour d’Ousmane Sonko : une preuve de l’indépendance de la justice sénégalaise?

Retour d’Ousmane Sonko - une preuve de l’indépendance du juge sénégalais?

Ce jeudi 12 octobre, un juge sénégalais a annulé la radiation d’Ousmane Sonko des listes électorales. Il a aussi ordonné sa réintégration, ouvrant ainsi la voie à la candidature de l’homme politique pour la présidentielle de 2024. Une décision qui va à l’encontre des mesures prises depuis pour empêcher cette candidature.

C’est tard dans la nuit du jeudi 12 octobre que le tribunal administratif de Ziguinchor, devant qui les avocats de Sonko ont contesté sa radiation des listes électorales, a annulé cette décision des autorités sénégalaises. Le verdict a autant tardé parce que plusieurs incidents ont émaillé l’audience, pouvant empêché son aboutissement. Mais le juge a tenu à dire le droit, qui semble en faveur de l’homme politique, plutôt que du camp présidentiel.

Réhabilitation de Sonko

Il aura fallu près de 12 heures pour que l’audience de ce jeudi aboutisse. Et pour cause, plusieurs incidents tendant à empêcher l’analyse des arguments. Les avocats de l’État ont tenté de récuser le juge sénégalais en charge du dossier, Sabassy Faye, au motif qu’il serait parenté à l’adjoint du Maire de la ville de Ziguinchor. Ce maire n’est autre qu’ Ousmane Sonko.

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Mais le juge a pris tout son temps pour démonter cet argument et poursuivre l’audience. L’argument des avocats de Sonko est que leur client a été jugé par contumace, puis arrêté, ce qui oblige à la tenue d’un nouveau procès, selon les textes en vigueur sur la contumace. En attendant ce nouveau procès, la décision initiale doit être annulée et les droits civiques de l’accusé restaurés, soutiennent les avocats.

Le juge sénégalais, qu’une coupure d’électricité à la dernière minute n’a pas découragé, a donné raison aux avocats d’Ousmane Sonko. C’est à la lumière d’une lampe torche, que le magistrat a finalement rendu sa décision réhabilitant Sonko dans ses droits. Toutes ces péripéties alimentent d’avantage l’argument de ceux qui estiment que tout est fait pour exclure l’homme politique de la course à la présidence.

Indépendance du juge sénégalais?

Le 1er juin dernier, Ousmane Sonko avait été condamné par contumace à deux ans de prison pour « débauche de mineure », un chef d’accusation qui n’était pas la principale. Mais fin juillet, il a été incarcéré pour d’autres motifs entre autres, appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.

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Les autorités l’ont par la suite radié des listes électorales à cause de sa condamnation à deux ans et son parti, Pastef, dissout. La direction générale des élections a refusé récemment de délivrer à son mandataire les formulaires pour recueillir les parrainages nécessaires à une candidature. La Cour suprême avait d’ailleurs rejeté la semaine passée, le recours des avocats de Sonko contre ce refus. Leur recours donc au tribunal administratif pour faire annuler la radiation de Sonko était perçu comme leur dernière chance.

La décision hier du tribunal administratif, atteste donc que le droit n’a pas été respecté dans cette affaire. Elle ouvre la voie au retrait de ces fiches qui pourront permettre à la candidature de Sonko de passer. Mais il reste une dernière étape, la possibilité pour l’État d’interjeter appel dans un délai de 10 jours. Ce sera alors à la Cour d’appel de trancher si le juge sénégalais du tribunal administratif de Ziguinchor a réellement appliqué le droit ou pas. Auquel cas Sonko sera réhabilité en attendant le nouveau procès. Une occasion ultime d’éprouver l’indépendance de la justice sénégalaise.

Esso ASSALIH