Cameroun : pourquoi la certification RSPO de la Safacam provoque autant de courroux auprès des autochtones ?

Cameroun , pourquoi la certification RSPO de la Safacam provoque autant de courroux auprès des autochtones

La certification RSPO de la Safacam, reçue d’un organisme indépendant, a suscité un tollé au sein de certains groupes autochtones. En effet, cette reconnaissance de bonnes pratiques à la multinationale opérant au Cameroun, n’a pas enchanté les populations locales qui révèlent que le géant de l’agroalimentaire n’a pas investi dans leurs communautés.

La Société Africaine Forestière et Agricole du Cameroun (Safacam), est l’une des plus anciennes agro-industries installées dans le pays. La certification RSPO de la Safacam lui a été attribué par un organisme indépendant basé aux États-Unis, SCS Global Services.

La certification comme gage de bonnes pratiques de la société

Aux termes de l’audit environnemental et social de la Société Africaine Forestière et Agricole du Cameroun, l’organisme indépendant a décidé le 20 décembre 2020, de la certification RSPO de la Safacam. Cette certification est synonyme de bonnes pratiques sur les sites d’exploitation de la Safacam, filiale de la Socfin, un groupe industriel basé au Luxembourg au sein duquel le groupe français Bolloré est actionnaire minoritaire, révèle voaafrique.com.

La certification RSPO de la Safacam lui permet d’écouler paisiblement son huile de palme et dérivées, puisque sa production est reconnue durable et les droits des communautés prises en compte sur le plan environnemental, social et économique.

Cette agro-industrie spécialisée dans la production de l’huile de palme, possède de vastes étendues de terres pour le développement de l’agriculture à grande échelle dans les localités de Mouanko et Dizangué dans la région du Littoral.

 

 

Le seul problème est que les communautés cessionnaires des terres contestent la certification RSPO de la Safacam que cette dernière brandit sans cesse. Elles accusent la société de spoliation, d’intimidation de pollution et de déforestation.

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Certification RSPO de la Safacam dénoncée

Selon Emanuel Elong le président national de la synergie nationale des paysans du Cameroun (Synaparcam), dont les propos sont rapportés par Température-infos, « les auditeurs constitués par Safacam ont fait tout, sauf ce qu’il fallait faire ». Il ajoute que les auditeurs « ont discuté avec une poignée de population qu’ils ont pris soin de regrouper dans la chefferie. Une chefferie qui elle-même est acquise à la cause de l’industriel ».

A Dizangue où se trouve ses plantations, les riverains contestataires de la certification RSPO de la Safacam affirment que l’agro-industrie a pillé les terres et polluer les cours d’eau. Elle harcèle dit-on et intimide au quotidien les populations contestataires, ceci avec la complicité de certains chefs traditionnels et autorités administratives.

« Depuis 1897 que nous avons cédé nos terres à la Safacam, elle ne nous a jamais fait don même d’une borne fontaine », s’est indigné Raymond Priso, un notable du village Nsèppè Elog Ngango, situé à plus de 80 km de Douala.

Le problème entre la Safacam et les communautés remonte il y a plus d’un siècle. L’on parle des années 1897, quand pour l’installation de la société, plusieurs communautés ont été spoliées de leurs terres sans dédommagements. A cela va s’ajouter au fil des ans, l’épineux problème de cette pollution de l’environnement.

Depuis plusieurs années, les communautés tentent de faire entendre leurs voix et dénoncent le dialogue de sourd avec la multinationale. La société civile a déposé à ce jour plusieurs plaintes auprès de l’organisme de certification et auprès de l’organisation d’accréditation, contre la certification RSPO de la Safacam. Ils en attendent une annulation pure et simple.

Esso A.

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