Le jury a reconnu coupable, mardi, l’ancien officier de police blanc, Derek Chauvin, d’homicide et de meurtre aux deuxième et troisième degrés. Le juge Peter Cahill prononcera la sentence dans quelques semaines. Cette décision pourrait marquer un tournant pour les Etats-Unis.
L’affaire du meurtre de Georges Floyd a mobilisé toute l’Amérique, particulièrement la ville de Minneapolis. L’afro américain avait succombé à son interpellation musclée au cours de laquelle, le policier a exercé une pression du genou sur sa nuque jusqu’à sa mort.
Derek chauvin, auteur
L’Amérique retenait son souffle. Le jury a tranché après trois semaines d’un procès sous haute tension dans cette ville du nord des États-Unis.
Les douze jurés d’origines ethniques diverses, qui délibéraient depuis lundi, ont conclu à la culpabilité de l’accusé sur les trois chefs d’accusation qui le visaient, dont homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort. Ils ont considéré à l’unanimité que Derek Chauvin s’était rendu coupable de meurtre involontaire, notamment en infligeant à Georges Floyd des « préjudices corporels intentionnels » et « un acte éminemment dangereux pour autrui », et d’homicide involontaire par « négligence coupable ».
Derek Chauvin va devoir encore patienter avant de savoir quelle peine de prison lui sera imposée. Le juge Peter Cahill, en charge du procès a annoncé que l’audience de détermination de la peine se tiendrait dans huit semaines. La caution de Derek Chauvin a été révoquée, et il a été amené en détention, menottes aux poignets. Si l’on tient compte de toutes les sentences prononcées à l’endroit de Derek Chauvin par le jury, cette peine pourrait se situer entre 10 et 15 ans.
Réactions suite à la condamnation de Derek Chauvin
Le verdict dans le procès de la mort de Georges Floyd a été suivi de célébrations dans les rues de la capitale du Minnesota, où il avait été tué. Dès l’annonce du verdict au mégaphone, la foule exulte devant le tribunal de Minneapolis. Plus de 200 personnes se sont rassemblées en anticipation de la nouvelle, et immédiatement les larmes commencent à couler sur plus d’un visage.
« Je n’y crois pas… Coupable ! » déclare incrédule Lavid Mack, un jeune homme de 28 ans perché sur un plot de béton pour voir le monde rassemblé. Une femme s’écarte de la foule, et trop émue pour parler, tombe dans les bras d’une amie. Une autre, les larmes coulant sur ses joues, exprime son soulagement : « Maintenant, on peut enfin commencer à respirer », lâche Amber Young. Il faut noter que les condamnations de policiers sont relativement rares aux États-Unis.
Dans les semaines précédant le verdict, la tension était palpable à Minneapolis. Des soldats de la Garde nationale ont patrouillé dans les rues de la ville et presque l’ensemble des commerces avoisinant le tribunal se sont barricadés derrière des planches de bois.
Parmi les nombreuses réactions après verdict, le président américain Joe Biden a plaidé pour « changer les cœurs et les esprits ainsi que les lois et les politiques ». Le président américain a entre autres appelé le Congrès à agir rapidement pour réformer la police, notamment en approuvant le projet de loi qui porte le nom de M. Floyd.
Barack Obama a, lui, salué sur Twitter « un pas en avant sur la route du progrès, loin d’être suffisant ». L’ancien président qui avait plutôt évité de s’exprimer sur les tensions raciales durant son mandat, a déclaré : « Aujourd’hui, un jury a fait ce qu’il fallait faire. Mais la vraie justice nécessite que nous reconnaissions le fait que les noirs américains sont traités différemment ».
Quant aux trois anciens collègues de Derek Chauvin impliqués dans la mort de Georges Floyd, accusés de complicité de meurtre, ils subiront leur procès en août. Les quatre agents avaient été congédiés.