Assassinat du président haïtien : « pas d’attaque à la démocratie », Christophe Wargny

Assassinat du président haïtien , « pas d'attaque à la démocratie », Christophe Wargny

L’assassinat du président haïtien a, certes, surpris et choqué le monde mais n’est pas « une attaque à la démocratie ». Tel est la position de Christophe Wargny, historien, ancien conseiller de l’ex-président haïtien Jean-Bertrand Aristide et spécialiste de Haïti. Selon lui, le président a été victime de ses propres actes.

Christophe Wargny s’est prononcé sur France 24, à propos de l’assassinat du président haïtien.

Jovenel Moise était un mafieux

Bien que l’assassinat du président haïtien soit une tragédie, elle ne peut occulter les tragédies et crimes dont lui-même s’est rendu responsable. Pour Wargny, le président haïtien a été « mal élu » et a « mal gouverné » et c’est ainsi qu’il a fini.

En effet, le mandat du président haïtien a été marqué par des contestations de sa gestion, des scandales de détournements. Le plus marquant est le scandale pétro Caribe où 3 milliards d’euros ont été détournés et le président était aussi soupçonné. Cette situation a conduit les populations à manifester pour réclamer la démocratie.

Des mouvements sociaux comme « pays lock » (pays bloqué, en créole) ont paralysé le pays fin 2019. Manifestations auxquelles le président a répondu en utilisant des « gangs armés pour terroriser la population » et dont il aurait, selon Wargny, perdu le contrôle.

Ces gangs contrôlent, depuis plus d’un mois totalement plusieurs quartiers pauvres de Port-au-Prince avec des assassinats. Cette mainmise et les affrontements entre bandes armées empêchent d’accéder par la route à toute la moitié sud du pays.

En outre, une partie de l’opposition reprochait au président de prolonger indument son mandat et qu’il ne voulait pas convoquer les électeurs aux élections législatives. Tout ceci est un déni de la démocratie.

La neutralisation de la police haïtienne et l’utilisation des gangs armés par le président se sont traduits par une « espèce de règlement de compte entre mafieux » qui a conduit à l’assassinat du président haïtien selon l’historien.

Cette nouvelle crise ne va pas trop impacter la vie des haïtiens puisqu’ils vivent la crise depuis longtemps.

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L’état de siège après l’assassinat du président haïtien

Le premier ministre Claude Joseph, qui a annoncé l’assassinat du président haïtien semble avoir pris les rênes du pays. En tout cas, il a annoncé un état de siège l’état de siège sur l’ensemble du territoire, ce qui donne concrètement à l’exécutif des pouvoirs renforcés en matière de perquisition et également d’interdiction de réunion. Outre l’état de siège a aussi décrété quinze jours de deuil national en hommage à Jovenel Moïse jusqu’au 22 juillet.

Alors qu’il avait cédé son siège à son successeur, Ariel Henry nommé le 5 juillet, l’assassinat du président haïtien, intervenue avant la prise de fonction du nouveau premier ministre, a ramené Joseph devant la scène. Bien que non confirmé par le parlement qui n’existe plus depuis 2020, ce dernier devient « le premier ministre de facto ».

En outre le directeur général de la police nationale d’Haïti a annoncé mercredi soir que quatre des « mercenaires » impliqués dans l’assassinat du président haïtien ont été tués et deux autres ont été arrêtés.

Le conseil de sécurité de l’ONU a appelé au calme et à traduire les responsables de l’assassinat du président haïtien devant les tribunaux. Washington a de son côté appelé à maintenir les élections présidentielle et législatives prévues pour le 26 septembre.

Mais pour Christophe Wargny les élections ne font « pas forcément la démocratie » et il convient de repenser l’avenir de Haïti qui est un travail de longue haleine. Mais des questions subsistent sur l’assassinat du président haïtien notamment qui sont les commanditaires et à qui profite ce crime.

Esso A.

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