Mali : accord sur une transition de 18 mois, mais le M5-RFP dénonce un charcutage

Mali : accord sur une transition de 18 mois, mais le M5-RFP dénonce un charcutage

Au Mali, les consultations nationales en vue de la transition se sont terminées ce samedi. Même si le M5-RFP dénonce un charcutage, le moins qu’on puisse dire est que les choses ont évolué. En effet, les différentes parties ont pu se mettre d’accord sur la durée de la transition et ses organes. C’était, jusqu’ici, les deux points cruciaux de ces consultations nationales.

Finalement, la transition malienne va durer 18 mois malgré le bras de fer posé par le M5-RFP. C’est ce qu’ont convenu, samedi, les participants à la concertation nationale, à Bamako. Le texte adopté ce samedi dans la capitale malienne charge également la junte de désigner un président civil ou militaire pour diriger cette transition.

La transition sera conduite par trois organes, à savoir le président (et son vice-président) et le conseil national de transition. Ce conseil regroupera 121 personnes réparties entre les forces vives de la nation. Enfin, le troisième organe est un gouvernement de 25 membres, dirigé par un premier ministre nommé par la junte. C’est le Colonel Malick DIAW, numéro 2 de la junte, qui a rapporté le résultat des travaux, dans une salle pleine à craquer.

La junte veut honorer ses engagements

Au début du putsch, les militaires ont affirmé vouloir résoudre les maux qui minent la société malienne. Ils ont mentionné, entre autres, la corruption, la gabegie, la pauvreté, l’insécurité etc. Cet engagement a été réaffirmé ce samedi par le Colonel Malick DIAW. « Il s’agissait d’éradiquer sans complaisance les mots qui minent notre société, notre fonctionnement démocratique », a-t-il déclaré, suscitant des acclamations nourries dans la salle. « Nous prenons l’engagement devant vous de ne ménager aucun effort dans la mise en œuvre de l’ensemble de ses résolutions dans l’intérêt exclusif du peuple Malien », a-t-il rassuré.

Mais, il reste encore à faire. Car le processus qui sera mis en branle pourrait se heurter à certaines velléités. « Ce qui nous attend à présent est tout aussi ardu, c’est-à-dire mettre en œuvre les résolutions issues de ces assises », a reconnu le Colonel DIAW. Celui-ci dit compter sur la « compréhension » et l’aide de la CEDEAO et de la communauté internationale pour la bonne marche de cette transition. Il a lancé un appel aux institutions sous-régionales, toujours sous des acclamations nourries.

Le M5-RFP dénonce un charcutage du rapport final

Pour la coalition du M5-RFP, le rapport final ne correspond pas aux travaux effectués dans les groupes de travail. Le mouvement émet donc des critiques et refuse de s’associer à cette transition. « Ce n’est pas la démocratie du tout. Le rapport général a été charcuté et ne correspond pas à ce qui a été dit dans les groupes de travail », a dénoncé Sy Kadiatou, grande figure du mouvement.

« Cela témoigne de la volonté du Comité National du Salut du Peuple de confisquer le pouvoir », a commenté, l’ex-gouverneure de Bamako, et ex-ministre. Ainsi, dit-elle, le M5-RFP n’adhère pas à cette charte.

Les clauses de cette charte donnent plein pouvoir à la junte de nommer un président, un vice-président et un premier ministre. Dans cette configuration, l’on semble se diriger vers une transition dirigée par un militaire (président et vice-président). Par contre, le premier ministre pourrait être une personnalité civile. D’ailleurs, avant même les consultations, les militaires au pouvoir ont déjà nommé un chef d’Etat, qui n’est tout autre que le Colonel Goita. Ce dernier s’est félicité, samedi, des travaux lors de son discours de clôture.