Situation en Tunisie : des craintes de dérives autoritaires

Situation en Tunisie des craintes de dérives autoritaires

Des observateurs ont exprimé, dimanche, leurs inquiétudes face à la situation en Tunisie. Après la levée de leurs immunités, des députés ont été arrêtés pour différentes affaires. Ces députés sont réputés être critiques envers le président qui s’est arrogé, depuis une semaine, les pleins pouvoirs.

Bien que le président Saïed ait assuré vendredi qu’il n’y a « pas de peur à avoir » concernant les libertés et les droits, les nouveaux évènements du week-end, font craindre un enlisement de la situation en Tunisie.

Nouvelles arrestations

Deux députés du mouvement islamo-nationaliste Al-Karama, un parti ultraconservateur allié d’Ennahdha, ont été arrêtés dans la nuit de samedi à dimanche. Le chef d’Al-Karama, Seifeddine Makhlouf, a révélé sur sa page Facebook que, Maher Zid et Mohamed Affes sont en détention provisoire dans le cadre d’une « enquête de la justice militaire ».

Toujours selon Makhlouf, l’objet de leur arrestation est une altercation survenue en mars à l’aéroport de Tunis. Ils sont soupçonnés d’avoir insulté des agents de la police des frontières qui avaient interdit à une femme fichée S (suspectée de terrorisme), de voyager. Lui-même, très critique envers le président, est aussi poursuivi dans cette affaire.

Mais ces arrestations font craindre une dégradation de la situation en Tunisie, étant donné qu’elles s’ajoutent à une autre arrestation survenue un peu plus tôt, le vendredi. Un député indépendant, Yassine Ayari, a été arrêté en application d’une condamnation à deux mois de prison, prononcée fin 2018, pour avoir critiqué l’armée, selon la justice militaire tunisienne.

Bien que ces arrestations soient la suite d’anciennes procédures judiciaires contre ces personnes, leur coïncidence avec la dénonciation de la situation en Tunisie par les concernés, inquiète plus d’un. En effet, ils ont tous qualifié la prise de pouvoir de président de « coup d’Etat ».

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Crainte de déliquescence de la situation en Tunisie

Le parti Harak de l’ex-président de la République Moncef Marzouki a fait part dans un communiqué de sa « profonde inquiétude », face à l’évolution de la situation en Tunisie. Cette formation, qui n’est pas alliée à Ennahdha à l’Assemblée, a condamné un « glissement vers le règlement de compte politique et la répression des libertés, au contraire des assurances données par le chef de l’Etat. »

L’ONG Human Rights Watch avait notamment vu dans la première arrestation, une confirmation des « craintes selon lesquelles le président Saïed risque d’utiliser ses pouvoirs extraordinaires contre ses opposants ». Et Samedi, les Etats-Unis ont exhorté la Tunisie à rapidement reprendre « la voie de la démocratie ». Pour le politologue Slaheddine Jourchi, qui s’est confié à l’AFP, les récentes arrestations « représentent une faute stratégique » puisqu’elles visent seulement des opposants. Et elles « ne sont pas conformes au discours du président ».

De plus la promesse du président Saïed, de ne plus être en âge de devenir un dictateur a été émoussée par, la publication dimanche sur les réseaux sociaux, d’une chanson à sa gloire. Cette publication faite par sa directrice de cabinet, a été perçue par certains internautes tunisiens comme une propagande rappelant le régime de l’ex-dictateur Zine El Abidine Ben Ali.

Mais le président Saïed, qui n’a toujours pas nommé de premier ministre, jouissant d’une très forte popularité après son élection avec plus de 70 % des voix en 2019, semble maîtriser la situation en Tunisie, au point où il s’est offert un bain de foule dimanche dans la capitale.

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Esso A.