L’opposant zambien Hakainde Hichilema a damé le pion au président sortant Edgar Lungu. Chose inhabituelle dans une élection présidentielle en Afrique ! C’est tôt ce matin du 16 août 2021 que la Commission Electorale Zambienne a annoncé la victoire du challengeur historique Hichilema.

La sixième fois a été la bonne pour l’opposant zambien, candidat du Parti Unifié pour le Développement National (UPND). Tout en faisant l’exploit de battre le président sortant., le vainqueur du scrutin présidentiel a brillamment surclassé les quatorze autres candidats.

Une victoire sans tache de l’opposant zambien

« Je déclare Hakainde Hichilema président élu de la République de Zambie en ce 16 août », a annoncé Esau Chulu, président de la commission, vers 2h30 du matin devant la presse.

Cette victoire ne fait l’ombre d’un doute pour la commission même si l’une des 156 circonscriptions de ce pays d’Afrique australe n’a pas officiellement été dépouillée. Quels que soient les résultats de cette circonscription, cela « ne risquait pas d’influer » sur la victoire de l’opposant zambien.

Le chef de l’État sortant a reconnu sa défaite à la mi- journée et a félicité l’opposant zambien pour sa victoire, promettant une passation pacifique du pouvoir. Ce qui fait du pays, une des rares curiosités en Afrique en matière de succession à la présidence. En effet, ce sera la troisième passation pacifique du pouvoir à un parti d’opposition en Zambie.

Pourtant la présidence avait annoncé samedi, que le parti au pouvoir, le Front patriotique (PF), réfléchissait à des recours possibles dans trois provinces où le vote avait été « caractérisé par des violences », rendant « l’exercice nul ».

M. Hichilema a remporté une victoire nette alors que cette course était donnée serrée depuis des semaines. L’opposant zambien a remporté un total de 2.801.757 suffrages contre 1.814.201 pour M. Lungu, selon les chiffres donnés par la commission électorale, soit près d’un million de plus que le président sortant.

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Victoire d’un combattant

M. Hichilema Hakainde, est un homme d’affaires autodidacte surnommé « HH », né en 1962 dans une famille pauvre du sud du pays. Il se décrit lui-même comme un « citoyen ordinaire, un africain ordinaire ». Selon ses mots, c’est son « cran » et sa « détermination » à l’école qui lui ont valu une bourse déterminante à l’université de Zambie.

Diplômé en économie, gestion des affaires et d’un MBA à l’Université de Birmingham en Angleterre, il commence dans l’immobilier, investissant progressivement dans la finance, l’élevage, la santé et le tourisme. « HH » a siégé au conseil d’administration de plusieurs grandes entreprises zambiennes. La persévérance de l’homme d’affaire l’a propulsé à la tête d’une grande fortune personnelle. Et cette persévérance, l’opposant zambien en a aussi fait preuve en politique.

Hakainde Hichilema était la figure même de l’éternel opposant, toujours second. Depuis 2006, qu’il participe aux élections régulières ou anticipées organisées dans le pays, l’opposant zambien a toujours perdu. Mais à chaque élection, son score augmentait. Et en 2016, la dernière élection avant sa victoire, il a perdu avec une faible marge (à peine plus de 100 000 voix) face à Lungu. Sa persévérance lui a fait gagner le surnom de « Bally », terme affectueux réservé aux pères ou aux aînés.

Le combat de l’opposant zambien lui a aussi valu d’être arrêté une quinzaine de fois, et quatre mois à l’isolement en prison pour « trahison » après avoir refusé le passage à un convoi présidentiel juste après l’élection de 2016.

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Le bilan négatif de Edgar Lungu

Elu en 2015 pour assurer la fin du mandat du président Michael Sata, décédé en plein exercice, Edgar Lungu a été réélu en 2016 pour un nouveau mandat proprement dit. Mais lors de ces deux élections, il a dépassé son rival Hakainde Hichilema de très peu.

Mais l’inflation et les difficultés économiques, combinées aux critiques sur sa gestion financière, ont eu raison de ce petit écart qui ont assuré à Lungu, la victoire à deux reprises. Le président Lungu a été accusé de s’être égaré dans des projets lourds d’infrastructure et d’avoir emprunté de manière non viable, notamment auprès d’investisseurs chinois.

L’an dernier, la Zambie, deuxième producteur de cuivre en Afrique, est devenu le premier État du continent à ne pas rembourser sa dette depuis l’apparition du coronavirus. La valeur de la monnaie locale a plongé à des niveaux records et l’inflation a bondi de plus de 20% sous la présidence de Lungu. La dette extérieure a gonflé à plus de 10 milliards d’euros l’an dernier rendant les investisseurs plus méfiants.

Et ces difficultés, l’opposant zambien HH, a bien misé dessus lors des campagnes, pour refaire son petit retard. « Cela me peine de voir des citoyens se coucher sans avoir mangé dans un tel pays », a-t-il expliqué, déplorant le potentiel sous-exploité des ressources naturelles de la Zambie.

« Des actifs valant des milliards de dollars ne rapportent rien… pour améliorer nos vies », a-t-il insisté. Il a promis de redresser l’économie. Et La participation, très forte à plus de 70%, confirme l’engouement pour ce scrutin, et la joie exprimé dans les rues après l’annonce des résultats.

Le désir de l’opposant zambien, d’offrir à la population « une vie meilleure », va être mise à l’épreuve au cours de ce premier mandat arraché, non sans peine.

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Esso A.