Etats-Unis : grâce posthume pour des noirs exécutés pour le viol d’une femme blanche

Etats-Unis , grâce posthume pour des noirs exécutés pour viol

Les « sept de Martinsville ». C’est ainsi qu’ont été surnommés les sept américains noirs qui ont bénéficié cette semaine de la grâce du gouverneur de l’Etat de Virginie. Le bémol c’est qu’il s’agit d’une grâce posthume. En effet, ce groupe d’accusés a été exécuté il y a 70 ans.

Le gouverneur démocrate de l’Etat de Virginie, est un partisan des réformes du système pénal. Depuis 2018, début de son mandat, il a accordé en tout 604 grâces.

La grâce posthume, un geste pour dénoncer le racisme

La Virginie est l’Etat qui détient le record des exécutions dans l’histoire américaine. Et ces exécutions ont plus concerné des personnes noires. Depuis l’arrivée de Ralph Northam à la tête de cet Etat, le vent est en train de tourner. En mars, l’Etat a aboli la peine de mort. C’est donc conformément à cette politique que le gouverneur accorde la grâce posthume à des condamnés dans une procédure douteuse.

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C’est suite à sa rencontre avec les descendants de ces sept hommes noirs exécutés en 1951, que M. Northam a annoncé, mardi, sa décision de leur accorder la grâce. Selon un communiqué des services du gouvernement, les grâces « ne portent pas sur la question de leur culpabilité » mais « reconnaissent qu’ils n’ont pas eu droit à une justice impartiale ».

La décision d’accorder la grâce posthume est justifiée par le fait que la couleur de ces hommes « a joué un rôle indéniable dans leur identification, dans l’enquête et dans leur condamnation » à la peine capitale. En outre, ils ont été jugés par des jurys entièrement blancs, précise le décret du gouverneur. Le gouverneur a espéré que sa décision « apporte un peu de paix » même si elle « ne peut pas changer le passé ».

Une condamnation sur des bases racistes

L’histoire remonte à janvier 1949. Une femme blanche de 32 ans avait rapporté avoir été violée par un groupe d’hommes noirs. dans une procédure expéditive, la police a procédé à sept interpellations et obtenu des aveux signés. Mais les conditions dans lesquelles ces aveux ont été obtenus sèment le doute sur l’équité de la procédure.

Les sept hommes ont été interrogés sans avocat, et leurs versions différaient d’une personne à une autre. En plus, plusieurs de ces hommes étaient illettrés, donc incapables de lire leurs confessions.

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Le dossier a provoqué d’importantes manifestations qui se sont même téléportées jusque devant la Maison Blanche. Mais le tollé provoqué par les incohérences dans la procédure, n’a pas permis d’éviter aux « sept de Martinsville » la peine capitale. Ils ont été exécutés sur la chaise électrique en février 1951. 26 années plus tard, en 1977, la Cour suprême jugeait contraire à la Constitution d’imposer la peine capitale dans les dossiers de viols.

Cette grâce posthume n’est que justice, même si elle arrive trop tard. Mais elle confirme les efforts des Etats-Unis de reconnaitre les effets dévastateurs du racisme sur les personnes de couleur noire.

Esso A.