Togo/Corruption : ces pots-de-vin qui entretiennent une minorité

corruption au Togo

Connaitre l’Etat de la corruption au Togo. C’est ce qui a motivée la réalisation d’une enquête de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED). Les résultats de cette étude ont été publiés, jeudi 06 août 2020.

L’étude menée par l’INSEED est dénommée Enquête sur la Perception et le Coût de la Corruption au Togo (EPCCT). Elle répond à la demande de la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA). L’EPCCT a été financée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Corruption au Togo,des chiffres qui surprennent

L’enquête s’est essentiellement déroulée avec les populations. Environ 1 498 ménages ont véritablement été enquêtés sur un échantillon de 1 500. Aussi, 2 645 personnes âgées de 18ans et plus ont été soumises à une interrogation sur une proportion de 2 895.

Il ressort de l’étude que le Togo enregistre chaque année 10 milliards de FCFA dans les pots-de-vin. 7,9 milliards de FCFA sont payés par des individus contre 2,1 milliards par les entreprises.
Parmi les facteurs favorisant la corruption, les populations ont indexé la pauvreté (77%) ainsi que le faible niveau des salaires ou de revenus (56,1%). Aussi, l’impunité (30,5 %) et la cupidité des individus. En termes de corruption, il y a deux camps : le corrupteur (le donateur du pot-de-vin) et le corrompu (le récepteur du pot-de-vin).

L’étude classe les personnes nanties et « puissantes » (ministres, préfets et magistrats) dans la première catégorie. Par contre, les agents de la police ainsi que la gendarmerie sont en tête de liste des corrompus. Ils sont suivis par les travailleurs du secteur douanier et fiscal.

Diagnostiquer le mal pour mieux le soigner

Si le niveau de la corruption a baissé, selon certaines enquêtées, la majorité pense qu’il reste beaucoup à faire. C’est ce qu’a fait savoir Komi Agbéti, directeur technique de l’enquête.

Selon le président de HAPLUCIA, Essohana Wiyiao, la corruption est une maladie économique et financière. Pour la traiter, il faut comme toute maladie, « faire le diagnostic afin d’élaborer les stratégies de prévention et de lutte », a-t-il poursuit.

Ainsi, l’EPCCT a permis d’une part de déterminer les causes, les manifestations, les acteurs et les différents types de corruption. D’autre part, elle amène à identifier les couches les plus exposées à la corruption. Elle a enfin contribué à appréhender la perception de la corruption dans le pays et d’estimer son coût approximatif.

Il était question de produire des indicateurs de corruption au Togo qui jusqu’alors n’étaient pas disponibles. Aujourd’hui chose faite. La HPLUCIA pourrait désormais passer à l’étape de mise en œuvre effectif des programmes et projets de lutte contre la corruption au Togo.

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