Réapparition de Seif al-Islam : film de l’invraisemblable scénario de la renaissance de Kadhafi

Réapparition de Seif al-Islam , film de l’invraisemblable scénario de la renaissance de Kadhafi

Bras politique et fils cadet de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam, a toujours été au cœur de la stratégie du guide libyen. Et farouche défenseur de son père jusque dans ses dernières heures. Cohéritier avec son père de l’inimitié des puissances étrangères envers le clan Kadhafi, al-Islam a dû user de stratagèmes ou à bénéficier des grâces de la Providence, pour échapper à l’élimination de sa famille. Dix ans après leur chute, il réapparait pour tenir sa promesse de poursuivre l’œuvre de Mouammar Kadhafi.

En fin de semaine dernière, Seif al-Islam a mis fin à dix ans de silence, en se confiant au New York Times. Dans son interview, il a annoncé son retour en politique en Libye. Un retour qui laisse envisager une possible candidature à la présidentielle prévue en fin d’année, face à des politiciens qui ont échoué à, apporter la joie en Lybie.

La chute du prince héritier

Avant les évènements de 2011, Seif al-Islam était celui qui représentait le guide libyen dans les chancelleries occidentales et ailleurs. A la tête de la Fondation Kadhafi, il se chargeait de régler les différends du guide libyen avec les occidentaux, notamment l’indemnisation des victimes des attentats de Lockerbie. Il apparaissait comme la ligne réformatrice du clan et favori à la succession.

Et pendant les soulèvements, il a prouvé sa loyauté au guide en le défendant jusqu’à la dernière heure. Alors que son père et trois de ses frères étaient tués, deux autres en prison, Seif al-Islam a été capturé en novembre 2011 par un groupe armé à Zenten, dans le nord-ouest de la Libye, alors qu’il tentait de rejoindre le Niger.

Gardé au frais par les rebelles

Seif al-Islam a été arrêté dans la région de Wadi al-Ajal, dans le Sud désertique, a raconté Al-Ajmi al-Atiri, le chef de la brigade de Zenten. L’homme a ensuite été transféré à Zenten, selon des images filmées avec une caméra par un combattant ex-rebelle.

Les autorités de transition, installées à Tripoli, ont tenté de négocier à plusieurs reprises son transfert vers Tripoli, mais se sont toujours heurtés au refus du groupe rebelle qui le détenait. Ils voulaient le poursuivre pour crime de guerre et corruption. Un procès a donc été organisé à Tripoli où le détenu comparaissait par visioconférence. Au cours de ce procès, Seif al-Islam a été condamné à mort par contumace pour avoir réprimé la révolte populaire de 2011.

La Cour Pénale Internationale qui l’accusait de crimes contre l’humanité avait aussi saisi, en décembre 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU afin d’obtenir le transfert de Seïf al-Islam, en vain.

Cette situation pouvait laisser penser que Seif al-Islam était protégé par les rebelles. Et ces suppositions vont être confirmées à demi-teinte.

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Libéré par les rebelles, des tractations s’engagent pour son retour sur la scène

Les rebelles qui retenaient l’héritier de Kadhafi le libèrent en 2017, au nom d’une loi d’amnistie promulguée en 2015 par le Parlement établi dans l’est du pays. Ce dernier vit caché et des rumeurs l’ont même annoncé pour mort.

Mais dans son entourage, c’est le remue-ménage. Leur premier soutien c’est la Russie. Le 15 janvier dernier, le site « Russisa Today » a rapporté un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères qui indiquait que Mickaël Bogdanov, émissaire spécial du président russe, a reçu Mefteh al-Werfelli et Omar Abou Cherida, représentants du Mouvement de Seif el-Islam Kadhafi.

Le nom était ainsi lancé, « le Mouvement de Seif al-islam. La délégation était conduite par Abou Cherida, (un des dirigeants loyaux à Seif el-Islam Kadhafi,) qui s’est porté candidat par la suite au Conseil présidentiel et a même remporté des voix. Candidature rendue possible par la pression de la Russie sur la mission onusienne pour faire participer les sympathisants de Kadhafi au Forum de Dialogue politique libyen, qui a démarré en Tunisie, au mois de novembre dernier.

Et des émissaires de Seif al-Islam sillonnent les capitales africaines pour transmettre le message du fils cadet du Guide à certains chefs d’Etat, selon financialafrik.com.

En outre Le Chef du gouvernement libyen désigné, Abdelhamid Dbaibah ne s’oppose pas à la candidature de Seif el-Islam à la Présidentielle, selon des déclarations antérieures faites au magazine français « Jeune Afrique » en 2018.

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Retour assumé de Seif al-Islam

Le retour de Seif al -Islam est désormais officiel, depuis son interview au journal américain. France 24 informe que L’interview a été réalisé en mai, mais publié seulement dimanche passé. Seif accuse les autorités libyennes de n’avoir « apporté que misère » et considère que « l’heure est au retour au passé ».

Cependant des obstacles s’opposent à lui, comme sa condamnation à mort ou les poursuites de la CPI. Mais lui est convaincu que le soutien du peuple libyen peut tout régler.

En outre, le président Biden a voulu enfoncer le clou, en annonçant le 11 février courant avoir notifié au Congrès la décision portant prolongation, d’une année, des sanctions contre les fils et proches de Mouammar Kadhafi. Ce qui le prive de ses soutiens financiers.

Mais, selon Financialafrik.com, Seif al-Islam posséderait les numéros de certains comptes bancaires secrets où tombent les dividendes des placements réalisés au nom de son père par ses réseaux financiers. En plus le cousin de Kadhafi, Ahmed Kadhaf al-Dam dispose toujours d’une « fortune » qui peut lui permettre de financer le projet de retour au pouvoir.

On peut ajouter à tout ceci, la loyauté à Seif al-Islam, de plusieurs tribus, notamment celles qui habitent dans la région qui s’étend de l’axe Syrte (est de Tripoli) jusqu’à Barrak al-Chott (sud de Tripoli) en passant par Béni Walid (sud-est de Tripoli).

Les dés sont-ils ainsi jetés pour une renaissance de la vision de Kadhafi et un repositionnement géostratégique de la Lybie vis-vis des occidentaux, à travers le retour aux affaires du prince héritier ?

Esso A.