Turquie : des troublantes révélations du chef mafieux et homme d’affaire Sedat Peker sur le gouvernement

Turquie : des troublantes révélations du chef mafieux et homme d’affaire Sedat Peker sur le gouvernement

Ancien proche du pouvoir de Turquie, Sedat Peker, aujourd’hui en exil, se retourne contre ses anciens amis. Il fait des révélations sur le gouvernement turc qui enflamment les réseaux sociaux. Ses révélations sont embarrassantes pour le pouvoir de Turquie et tiennent en haleine de milliers de personnes.

Depuis le début du mois de mai, le célèbre parrain de la pègre Sedat Peker publie sur sa chaîne YouTube une série de vidéos, longues et décousues, qu’il numérote (première partie, deuxième partie etc.) et dans lesquelles il enchaîne les révélations, à l’encontre de représentants de l’État turc et de figures proches du pouvoir.

Les révélations de Sedat Peker

En moyenne, quatre millions de personnes visualisent chaque semaine comme un feuilleton télévisé, chacune des vidéos de Sedat Peker, selon le site de Rfi. Les accusations de l’homme de 50 ans vont de viol, homicides, trafic international de cocaïne à trafic d’influence. Elles sont à l’encontre des députés du parti au pouvoir, l’AKP, d’anciens ministres ou de figures proches du pouvoir et dressent le portrait accablant d’un État failli, d’une police corrompue et d’une justice aux ordres.

Il s’en prend nommément à des figures très influentes, à commencer par l’actuel ministre de l’Intérieur, Süleyman Soylu. Il affirme par exemple que le ministre l’a autrefois protégé, en lui fournissant des policiers en guise de garde rapprochée ou encore en l’informant que la police était en train de constituer un dossier contre lui et qu’il le préviendrait en cas de danger. Süleyman Soylu a porté plainte pour « insulte et diffamation » et a demandé au parquet « d’enquêter » sur les allégations le visant.

Sedat Peker affirme également qu’en 2019, un journaliste kazakh, Yeldana Kaharman, avait porté plainte pour viol contre un député du parti au pouvoir ( fils d’un ancien ministre de l’Intérieur). La jeune femme avait été retrouvée morte le lendemain et l’enquête officielle avait conclu à un suicide. Par contre, malgré les appels de l’opposition, aucun procureur n’a encore été saisi sur les nombreuses autres accusations formulées par Sedat Peker.

Le divorce entre le mafieux et ses anciens soutiens

Depuis au moins un an et demi, le chef mafieux notoire a fui la Turquie, informé du dossier monté contre lui. Après un passage par les Balkans, il affirme dans une récente vidéo se trouver à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Avant sa cavale, Sedat Peker, était très connu en Turquie depuis les années 1990, et figure du crime organisé connu pour son militantisme à l’extrême droite. Spécialiste du racket et du trafic de drogue.

Devenu un fervent supporter du président Recep Tayyip Erdogan (ce qui n’a pas changé), il est photographié en sa compagnie et n’hésite pas à organiser des meetings politiques en faveur du président. Il a même reçu des récompenses « d’homme d’affaires de l’année » de la part de médias et d’ONG proches du pouvoir.

Au faîte de sa gloire et de sa puissance, le caïd tombe tout de même en disgrâce, sûrement dû à la perte de certaines protections et à ses nombreux et influents ennemis. Il a même dans une ancienne vidéo accusé Berat Albayrak, gendre d’Erdogan et ancien ministre de l’Économie, d’être à l’origine de sa chute.

Il a un passé judiciaire très chargé qui remonte à la fin des années 1990. Sedat Peker a fait l’objet de nombreuses enquêtes et procès pour diverses charges comme « kidnapping », « menaces », « blessures », « incitation au crime », « création d’une organisation criminelle », « usage d’une fausse identité » etc, selon le site de Rfi. Il a fait plusieurs séjours en prison et aujourd’hui, il est visé par un mandat d’arrêt.

Les révélations du chef mafieux, sous forme de vengeance, lèvent le voile sur les relations étroites entre le pouvoir politique et le monde mafieux et mettent dans une salle posture le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan.