Période de transition au Mali : les esprits s’échauffent face à l’inévitable

Période de transition au Mali , les esprits s’échauffent face à l’inévitable

Après le premier coup d’Etat des militaires, ces derniers ont fixé la durée de la période de transition au Mali à 18 mois. Depuis lors, plusieurs évènements se sont succédés. Ils semblent rendre de plus en plus irréalisables les élections à la date du 22 février 2022. Cependant, une vingtaine de partis politiques y tiennent mordicus. Ils ont tenu à le rappeler mardi 27 juillet à travers une déclaration officielle.

Bien que ces partis politiques soient attachés à la réussite de la transition, ils exigent que la période de transition au Mali n’excède pas les 18 mois. Cette position est aussi celle d’une partie de la population. Le Mali apparait divisé sur la question qui nécessite de nouvelles discussions.

Transition de 18 mois

L’Alliance pour la démocratie au Mali (l’Adéma), des formations ou mouvements d’anciens Premiers ministres, des regroupements politique et des associations, une quarantaine, se sont exprimé hier mardi, sur le respect de la période de transition au Mali. Ils ont affiché dans une déclaration rendue publique, leur hostilité à toute idée de prolongation des dix-huit mois convenus « dans la charte de la transition librement consenti par le peuple à la suite des concertations de septembre 2020 ».

Réaffirmant leur disponibilité à accompagner le gouvernement, ils ont appelé à un sursaut de tous ainsi que des partenaires du Mali pour la réussite de la transition. Pour ce faire, ces partis ont exigé un chronogramme des tâches à accomplir devant conduire jusqu’au jour des élections. Pour eux la sortie de crise va au-delà de la période de transition au Mali.

Moussa Mara, ancien premier ministre et porte-parole de la coalition s’en explique : « nous estimons que la sortie durable de crise de notre pays suppose la conduite d’actions qui ne peut être envisagée pendant la seule période transitoire …Nous sommes de ce fait convaincu que le prochain pouvoir issu des élections générales de fin de transition devra impérativement travailler dans un esprit de rassemblement et d’inclusivité et conduire de profondes réformes ».

Cette sortie illustre bien les doutes liés au respect de la période de transition au Mali. Et ces doutes sont exacerbés par d’autres voix qui s’élèvent en faveur d’un report des élections du 22 février 2021.

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Allongement de la période de transition au Mali

Le fétichisme du calendrier serait-il bénéfique au Mali ? Contrairement à ces partis politiques, certaines personnes ne le pensent pas au Mali. C’était déjà le cas de Youssouf Coulibaly le conseiller juridique du président Assimi Goïta. « Objectivement les 9 mois ne sont pas suffisants pour tout le travail qu’on a à faire » avait -il déclaré se référant au reste des 18 mois.

Cette déclaration qui cache difficilement une volonté d’étendre la période de transition au Mali a trouvé de l’écho dans la déclaration, fin juin, d’une association de femmes leaders de Kati. Association qui avait ouvertement appelé à une prolongation de la transition, au motif que le délai imparti n’autorisait pas la conduite des réformes majeures.

Pour corroborer le tout, c’est Chérif Mohammad Maoulah Haïdara, qui au terme de la prière hebdomadaire du vendredi dernier, s’est fait défenseur de la prorogation de la période de transition au Mali. Le chérif de la localité de Nioro, est une personnalité religieuse de référence au Mali. Guide religieux de 83 ans, à la tête d’une branche du soufisme ouest-africain, le Hamallisme, et qui compte plusieurs millions d’adeptes, il est très écouté dans le pays, même par l’influent imam Dicko ; nous rapporte africa.la-croix.com.

« Si vous voulez qu’on avance, donnons-nous du temps. Nous, maliens, devons œuvrer à ce que cette transition soit prolongée. Si nous en avons l’espoir et l’ultime conviction que les autorités actuelles de la transition peuvent mieux faire, je demande une prolongation de deux à trois ans de la transition » a-t-il déclaré. Le média informe que son message vidéo a été posté sur les réseaux sociaux.

Cette sortie qui a fait l’objet de vives polémiques sur les réseaux sociaux démontre combien le sujet est sensible et nécessite des débats de fond pour déterminer si un attachement au calendrier est judicieux pour le Mali. Au demeurant, la tâche à accomplir pour des élections crédibles et une sortie définitive de la crise au Mali est colossale et nécessitera plus que les 7 mois qui nous séparent du 22 février 2022.

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Esso A.