Procès au Vatican : quand le business s’invite dans la maison du Pape

Procès au Vatican , quand le business s’invite dans la maison du Pape

C’est un procès sans précédent qui débute aujourd’hui mardi 27 juillet au Vatican. Il s’agit d’un scandale financier lié à l’investissement de 200 millions d’euros du Saint Siège dans un immeuble situé sur la luxueuse Sloane Avenue de Londres, en 2014. Cet investissement qui s’est avéré une escroquerie implique une dizaine de personnes dont le cardinal Angelo Becciu, principal accusé.

Le procès qui s’est ouvert aujourd’hui dans une salle de musée du Vatican, faisait l’objet d’une enquête depuis deux ans déjà. Parmi les dix accusés, la moitié travaillait dans la Cité du Vatican lors de l’achat en deux temps de l’immeuble.

Les faits

Investir dans l’immobilier n’est pas chose nouvelle pour le Vatican, mais elle n’a pas su tirer son épingle du jeu de cet investissement au montage financier compliqué. En 2013-2014, la Secrétairie d’Etat, le gouvernement central qui seconde le pape, projette d’investir une somme importante (au total, quelque 350 millions d’euros seront concernés par la transaction) dans l’achat d’un immeuble à Londres, destiné à être transformé en appartements de luxe.

L’investissement s’est fait à travers le fonds luxembourgeois « Athena » d’un homme d’affaire italo-suisse vivant à Londres, Raffaele Mincione, nous explique Bfmtv.com.

Raffaele Mincione, rémunéré pour ses services par une commission, utilise l’argent de l’Eglise pour « des opérations spéculatives », comme le rachat de banques fragiles, et finance aussi ses propres projets.

Au fil des années et de l’intervention d’intermédiaires, cet investissement a fini par être un gouffre financier pour le Saint-Siège, qui a aussi dû mettre la main à la poche pour s’en extirper. Et c’est fin 2018, que le Saint-Siège, qui a essuyé des pertes et n’a aucun contrôle sur le choix d’investissements décide de mettre un terme à l’alliance.

Les pertes du Vatican dans cette affaire sont estimées à des dizaines de millions d’euros. L’enquête demandée par le Pape François a abouti à la poursuite de 10 personnes pour détournement de fonds, abus de pouvoir, subornation de témoins, corruption, extorsion, fraude, blanchiment d’argent.

Lire aussi: Vatican : opéré, le pape François est sorti de l’hôpital

L’implication d’un cardinal entache d’avantage l’image du Vatican

Parmi les accusés, figure le cardinal Angelo Becciu, numéro 3 du Vatican à l’époque. Diplomate de longue date du Vatican et ancien collaborateur de confiance du pape François. Le souverain pontife l’a élevé au rang de cardinal en 2018, mais après une enquête de près de deux ans, qui met en lumières les prémices du scandale, le cardinal a été poussé à la démission par le pape, l’année dernière.

Mais le cardinal Becciu a toujours clamé son innocence. Seront également appelés à comparaître son ancien assistant, le père Mauro Carlino, ainsi que les deux ex-dirigeants du gendarme financier du Vatican.

L’affaire est une épine dans le pied de l’Eglise car elle montre comment est utilisé le Denier de Saint-Pierre, la grande collecte annuelle de dons dédiés aux actions caritatives du pape. Elle révèle l’escroquerie, la corruption interne au saint de l’Eglise. L’affaire est aussi salissante pour le Vatican car elle met en lumière l’incompétence du Saint Siège dans la gestion de ses affaires.

Aujourd’hui a eu lieu la première audience, mais le procès devrait durer des mois.

Lire aussi: Siera Leone : Le procès de l’Ange Gabriel ancien chef rebelle, délocalisé

Esso A.