Crise politique en Tunisie : des inquiétudes face à la situation

Crise politique en Tunisie , des inquiétudes face à la situation

La crise politique en Tunisie qui a connu son point culminant le dimanche passé, ne cesse de s’enliser. Après des heurts, lundi, entre les partisans du président Saïed et ceux du chef du parlement Ghannouchi, c’est le président qui enfonce le clou en limogeant le ministre de la défense et celui de la justice. La situation suscite l’inquiétude des pays voisins et autres qui appellent au calme.

Les avis sont toujours partagés en Tunisie. La démarche du président reçoit des soutiens jusque dans la classe politique alors que le parti Ennahdha dénonce toujours un « coup d’Etat ».

Une crise aux multiples facettes

Le limogeage du premier ministre et le gèle du parlement n’a pas fait que des mécontents en Tunisie. En effet, de nombreux tunisiens sont sortis dans la rue célébrer la décision du président Saïed. Balayant du revers de la main, l’enlisement de la crise politique en Tunisie, le président a poursuivi dans sa lancée en annonçant de nouveaux limogeage lundi. Il s’agit des ministres de la défense, et de la Justice. Mais aussi celui de l’intérieur selon Rfi.

Si Kaïd Saïed n’a que faire des protestations de Ennahdha, c’est parce qu’il a des soutiens un peu partout dans le pays. En effet, Le principal syndicat du pays, l’Union générale des travailleurs tunisiens à apporter son soutien à Kaïs Saïed dans cette crise politique en Tunisie. Mais tout en exigeant des garanties constitutionnelles.

L’un des partis de la coalition majoritaire au Parlement, Tahya Tounes, a déclaré se ranger aux côtés des revendications du peuple tunisien, en appelant, aussi au respect des acquis démocratiques. Le président qui a le vent en poupe, a aussi rencontré les partenaires sociaux et la société civile mardi et déclaré que le dialogue se poursuit, nous rapporte Rfi.

D’un autre côté, le premier ministre limogé Mechichi a déclaré dans la soirée du lundi qu’il s’engage « à assurer la passation pacifique de pouvoir comme l’exigent les coutumes de la vie politique en Tunisie. ». Le président pourvoira sûrement à son poste très prochainement. Tout ceci est dans l’avantage du président mais Ennahdha soutient toujours que cette démarche aggrave la crise politique en Tunisie.

Même si l’article 80 de la Constitution autorise des mesures en cas de « péril imminent », il les conditionne à la consultation du chef du Parlement Rached Ghannouchi et celui du gouvernement. Ce qui n’a pas été fait, selon le chef du parlement, Rached Ghannouchi qui est aussi leader du parti islamo-conservateur Ennahdha. Mais ce parti n’a plus visiblement beaucoup de soutien et la crise politique en Tunisie semble tourner en faveur du président. Cependant, la situation inquiète à l’extérieur.

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La crise politique en Tunisie, objet de vives inquiétudes

La situation en Tunisie a suscité des réactions de par le monde. Même si le président Saïed soutient qu’il n’est pas un putschiste, la multiplication des appels au calme et au respect de la démocratie, démontrent l’inquiétude internationale quant à l’enlisement de la crise politique en Tunisie.

C’est ainsi que le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken, a incité le président Saïed à « maintenir un dialogue ouvert avec tous les acteurs politiques et le peuple tunisien ». L’ONU a quant à elle, recommandé à toutes les parties en Tunisie à faire preuve de retenue, à s’abstenir de toute violence et à garantir le calme.

La Turquie, allié d’Ennahdha, « rejette la suspension du processus démocratique et le mépris du désir de démocratie du peuple », a annoncé sur Twitter le porte-parole du président turc Erdogan. Alger a fait part d’un entretien téléphonique avec Saïed. De même que le Caire, où le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a apporté son « soutien total au peuple tunisien » tout en espérant un rétablissement rapide de la stabilité.

Le Qatar et la Russie ont également appelé au calme et le porte-parole du Kremlin espère « que rien ne menacera la stabilité et la sécurité des citoyens » en Tunisie.

En France, la porte-parole des Affaires étrangères a appelé « l’ensemble des forces politiques à éviter toute forme de violence et à préserver les acquis démocratiques ». Tout en souhaitant un « retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions ».

L’Allemagne à travers Maria Adebahr, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a dit prendre acte de l’invocation de l’article 80 de la constitution. Mais l’Allemagne considère « que c’est une interprétation assez large de la constitution ».
L’Union européenne a appelé au « respect de la Constitution, des institutions et de l’État de droit » et à « éviter le recours à la violence ».

Somme toutes, ces réactions même si, elles reconnaissent l’existence d’une crise politique en Tunisie, ne semblent pas condamner la démarche du président Saïed, qui sauf surprise de dernière minute, ira vraisemblablement au bout de ses objectifs.

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Esso A.