Relations Afrique Israël : les enjeux du statut d’observateur à l’Union Africaine du pays juif

Relations Afrique Israël , les enjeux du statut d’observateur à l’Union Africaine du pays juif

Perdu depuis 2002 suite à la refonte de l’OUA en UA, Israël a retrouvé la semaine dernière son statut d’observateur à l’Union Africaine. En effet, l’ambassadeur israélien Aleli Admasu a présenté jeudi, ses lettres de créances au président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat. Qu’augure ce renforcement des relations entre les pays africains et l’Israël, quand on sait que ce dernier n’est pas en odeur de sainteté avec les pays arabes.

Si ce retour d’Israël au sein de l’UA est applaudi du côté de l’Etat juif, tel n’est pas le cas sur l’ensemble du continent africain et ailleurs. Des pays comme l’Algérie, voient en ce statut d’observateur à l’Union Africaine, une légitimation des actions de colonisation des terres palestiniennes par Israël.

Le jeu du statut d’observateur à l’Union Africaine

Les relations entre l’Afrique et Israël datent de l’époque des indépendances. En effet, à la fin des années 60, Israël entretenait des relations diplomatiques avec 33 Etats d’Afrique subsaharienne, rappelle le site des Affaires étrangères israélien.

C’est suite à la guerre israélo-arabe du Kippour, en 1973, qu’une trentaine de pays africains avaient rompu leurs relations diplomatiques avec Israël, après l’adoption en ce sens d’une résolution de l’ex-Organisation de l’unité africaine (OUA) présentée par l’Egypte. Les années 80 ont vu la reprise timide de ces relations qui ont évolué avec le temps.

Mais le statut d’observateur que détenait Israël au sein de l’OUA, ancêtre de l’Union Africaine, ne lui a pas été accordé au sein de la nouvelle institution. Selon lobservateur.info, les pressions du défunt guide Libyen Mouammar Kadhafi en seraient à l’origine. Il était reproché au pays juif, son occupation des territoires palestiniens, contraire aux textes qui régissent l’organisation continentale.

Par une offensive diplomatique, économique et sécuritaire, le pays hébreu a grappillé des soutiens de pays africains surtout sous la gouvernance de Netanyahou, pour l’obtention de son statut d’observateur de l’Union Africaine. Cette offensive a permis au pays d’obtenir en 2016 le soutien de l’Ethiopie du Kenya, l’Ouganda, le Rwanda dans sa quête du saint graal.

Cependant, la finalisation de ce statut s’est toujours heurtée à la réticence de certains pays africains malgré la normalisation des relations entre Israël et l’Egypte. L’Afrique du Sud lui reproche son soutien au régime de l’apartheid. Mais aussi l’Algérie, qui malgré le forcing diplomatique et économique sans précédent d’Israël en Afrique, s’est toujours opposée à son intégration dans l’UA. Malgré ces oppositions, c’est chose faite depuis jeudi 22 juillet.

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Retour d’Israël au sein de l’Union Africaine

Selon des communiqués de l’organisation panafricaine et de la diplomatie israélienne, l’ambassadeur israélien Aleli Admasu a présenté jeudi ses lettres de créances au président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat.

Ce statut d’observateur à l’Union Africaine est une victoire diplomatique pour l’Etat Hébreux qui entretient des relations avec 46 pays africains. Pour le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid, « cela corrige une anomalie qui a perduré pendant près de deux décennies et représente une partie importante du renforcement des relations extérieures d’Israël ».

C’est aussi une victoire par rapport à la Palestine qui avait le statut d’observateur à l’Union Africaine depuis 2013. Ce qui lui assurait des soutiens forts surtout venant des Etats arabes dans l’organisation. Israël rééquilibre ainsi la balance entre lui et l’autorité palestinienne.

Enjeux du statut d’observateur de l’Union Africaine

Si Israël a tant couru derrière son statut d’observateur de l’Union Africaine, c’est pour s’assurer du soutien des pays africains dans les institutions internationales. Ce, afin de sortir de son isolement, avait déjà révélé Netanyahu en 2016.

« Le soutien international quasi-automatique accordé aux Palestiniens agit comme un obstacle pour la communication bilatérale directe », avait-il estimé. « Si les Africains votent en bloc, ils pourront aider à briser la majorité automatique des Arabes dans les instances internationales telles que l’ONU », précisa-t-il.

Cette reconnaissance ne satisfait pas l’Algérie qui s’est toujours posé en défenseur du « droit des peuples à l’autodétermination », en particulier celui des Palestiniens, dont elle est un des soutiens historiques. Elle n’entretient pas de relations diplomatiques avec Israël. Elle a d’ailleurs condamné dimanche la décision de l’organisation panafricaine, d’accorder à Israël le statut d’observateur à l’Union Africaine. Toutefois, elle précise que cette décision ne change en rien le soutien de l’organisation à la Palestine.

C’est aussi la position défendue par le président de la Commission de l’UA Moussa Faki qui souligne que l’organisation « a été très claire sur sa position selon laquelle, dans la question de la Palestine et d’Israël, une solution à deux Etats est nécessaire à une coexistence pacifique ». En mai, ce dernier avait déjà « condamné fermement » les « bombardements » israéliens dans la bande de Gaza ainsi que « les actions de l’armée israélienne, y compris les évictions illégales, continues et par la force de Palestiniens de leurs foyers à Jérusalem-Est (…) en flagrante violation du droit international ».

Mais les pays africains ne pouvaient longtemps ignorer les avantages qu’ils retirent de cette coopération et laisser une question d’observateur de l’Union Africaine nuire à leurs relations avec ce partenaire de choix. Déjà, en 1984, A.A. Agbo, un officiel d’Abuja cité par le journal nigérian Daily Star disait « il y a de bonnes raisons (…) de penser qu’il y va de notre propre intérêt d’en arriver là, car cela pourrait constituer un des moyens de sortir de notre crise économique et alimentaire ».

Cette infiltration d’Israël dans l’UA qui témoigne des pressions qu’elle peut exercer sur les pays membres, annonce des rivalités futures avec l’Algérie qui veut aussi s’imposer en Afrique en passant par le Sahel. Cette dernière qualifie déjà cette actualité de « non-événement ».

La Palestine a, de son côté à travers le Mouvement de résistance islamique palestinien (Hamas), qualifié samedi de « choquante et honteuse » la décision d’accorder à Israël un statut d’observateur à l’Union Africaine. Cette dernière qui combat depuis des années, l’occupation israélienne des terres dites appartenant aux palestiniens craint ainsi une légitimation de cette occupation.

L’Afrique est ainsi en passe de devenir le futur terrain des discussions entre diverses puissances en quête de territoires, vu les avancées effectuées aussi par la Russie sur le continent ?

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Esso A.