Des gardiens de prison auraient créé un réseau de prostitution des détenues au Mozambique. C’est l’ONG locale Centre for Public Integrity (CIP) qui a révélé l’information. Le ministre mozambicain de la justice va ouvrir une enquête sur le sujet.
Selon les informations, les gardiens ne laissent pas le choix à ces détenues. Et celles qui refusent d’intégrer le réseau sont soumises à des tortures.
Une prostitution forcée
L’organisation anticorruption Centre for Public Integrity (CIP) a révélé que, depuis des années, un réseau de prostitution des détenues au Mozambique enrôle de force les pensionnaires du pénitencier pour femmes de Ndlavela, dans la capitale, Maputo. Le rapport publié mardi révèle que « les femmes incarcérées dans la prison pour femmes de Ndlavela (Maputo, ndlr) sont régulièrement extraites par les gardiens pour être exploitées », dans des maisons d’hôtes voisines. Certaines sont extraites « trois ou quatre fois par semaine pour avoir des relations sexuelles avec des personnes qu’elles disent ne pas connaître ».
Selon le CIP, les clients du réseau de prostitution des détenues au Mozambique sont généralement « des personnes bien placées, qui recherchent le plaisir avec des femmes qui n’ont pas eu de relations sexuelles depuis longtemps ». Ces femmes sont dénommées « petites colombes » ou « lapins » par les gardiens, lors des négociations avec les clients.
Elles reçoivent en échange des traitements de faveur. Mais, celles qui refusent de se soumettre sont battues et soumises à des travaux forcés « et la plupart finissent par céder », souligne le rapport.
Une enquête minutieuse
L’enquête menée par l’ONG s’est basée sur les témoignages des détenues, anciennes comme actuelles. Pour ce faire, les enquêteurs se sont fait passer pour des clients du réseau de prostitution des détenues au Mozambique et ont utilisé des caméras cachées. L’enquête a duré six mois.
L’une des détenues, incarcérée depuis deux ans, raconte avoir été extraite « qu’elle le veuille ou non » de la prison à plusieurs reprises. D’autres détenues ont parlé de leur désir de mettre fin à leurs jours. Borges Nhamirre, qui a coordonné l’enquête, a déclaré que leurs recherches ont montré que cela durait depuis 10 ans et il est incompréhensible que le conseil d’administration de la prison n’ait rien remarqué.
Il a affirmé que les gardiens de prison bénéficiaient financièrement de l’exploitation sexuelle et faisaient même de la publicité lorsqu’il y avait un nouveau détenu. « Les paiements vont de 50 $ (35 £) à 500 $ par femme, cela dépend de ce qu’ils appellent la qualité de la femme, plus elle est jeune, plus c’est cher ». Les gardiens abusaient également des femmes.
Le CIP a demandé la création d’une commission d’enquête indépendante pour examiner leurs conclusions, à laquelle participeraient le ministère public, des députés et des organisations de défense des droits de l’homme. La ministre de la Justice, Helena Kida, s’est rendue mercredi dans l’établissement et a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la prostitution des détenues au Mozambique. Les résultats devraient être connus dans deux semaines.
Esso A.
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