Le village de Lassa au Mali est internationalement reconnu comme une communauté regorgeant de rasta installée depuis plus de vingt ans. Au fil des années, le village de Lassa au Mali a accueilli de nombreux visiteurs, des stars africaines du reggae y ont fait leur initiation à la culture rastafari. Mais les divisions internes au mouvement rasta malien et les crises politiques successives dans le pays commencent à avoir raison de ce lieu.
En 1991, site au renversement du dictateur Moussa Traoré, les rastas maliens décident d’y créer une communauté. Le Mouvement voit le jour: « Je suis venu dans cette brousse et tout de suite je me suis dit “ah, quel paradis sur Terre !”. Ça s’est développé. Beaucoup de nos frères étaient là, de nos compatriotes au pays qui venaient, des frères de la France, des métisses… Le Mouvement a eu une grande force », assure Ras Ballasky.
Village de Lassa au Mali: la petite Jamaïque africaine
Le Village de Lassa au Mali est considéré comme la petite Jamaïque africaine, à tel point que même Cedella Marley Booker, la mère du légendaire Bob Marley, viendra y faire un tour en 1996 : « Aikoula même était dépassé. C’était un ministre de Bob Marley qui était là avec la maman de Bob Marley, qui ont tout vu, jusqu’à ce qu’elle dise “ce que vous avez fait, c’est plus que ce que Bob Marley a fait.” Le groupement était vraiment merveilleux. C’était les moments les plus extraordinaires… », a relaté Ras Ballasky, nostalgique.
Le Village de Lassa au Mali qui est considéré comme la petite Jamaïque africaine gagne une renommée internationale et des artistes célèbres comme l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly et le Guinéen Takana Zion y viennent se former à la culture rastafari au nom du Jah.
La chute du sanctuaire du Village de Lassa au Mali
À partir de 2012, les divisions internes couplées de la crise malienne contribuent à la chute du sanctuaire, peu à peu laissé à l’abandon. L’on raconte que pour la première fois, l’anniversaire de la mort de Bob Marley n’a pas été célébré le 11 mai dernier.
C’est un sentiment d’abandon et d’amertume qu’on remarque dans la voix de Ras Ballasky, l’un des derniers survivants, « Lassa était censé être un sanctuaire rastafari. Tant que tu ne viens pas à Lassa, tout ce que tu vas faire en ville, c’est un peu du populisme », dit-il, ne cachant pas sa position radicale. « La vie à Lassa est difficile, avoir de l’eau et de l’électricité est toujours un problème. C’est l’Afrique comme était l’Afrique d’avant. Donc, nous on a voulu mettre la lumière sur ça. C’est la raison pour laquelle nous sommes toujours sur cette colline. Nous sommes là au nom du Jah rastafari. »