Avion présidentiel au Mali : un instrument de la chasse aux sorcières !

Affaire de l’avion présidentiel au Mali , un instrument de la chasse aux sorcières ?

L’affaire de l’avion présidentiel au Mali n’en finit pas de faire des vagues. Elle a valu à Mahamadou Camara, un retour à la case prison. L’ancien ministre de la Communication du Mali, qui croyait cette affaire enterrée, est rattrapé comme d’autres par ce qui ressemble à une chasse aux sorcières.

Mahamadou Camara est poursuivi dans le cadre de deux affaires, notamment l’achat d’un avion présidentiel et l’attribution de contrats d’équipements militaires. Initialement emprisonné et libéré, il est rattrapé par « des éléments nouveaux dans le dossier ».

Retour sur l’affaire de l’avion présidentiel

Nous sommes en 2014, le gouvernement malien décide d’offrir un avion présidentiel au Mali d’une valeur de 30 millions d’euros (près de 20 milliards FCFA) et des équipements militaires par des contrats de plusieurs dizaines de milliards de FCFA. Cette acquisition provoque le courroux des maliens et de la communauté internationale, notamment le Fonds Monétaire International. En effet, le Mali qui traversait une situation économique difficile était sous perfusion du FMI. Ses responsables n’excluaient même pas qu’une partie des prêts que l’institution a accordés ne soient utilisés pour l’achat de l’avion présidentiel au Mali.

Ibrahim Boubakar Keita, ancien président du Mali

Lire aussi: Ingérence internationale au Mali : les populations manifestent pour dire non !

Une enquête du vérificateur général et d’un autre de la Cour suprême ont révélé des surfacturations de près de d’environ 40 milliards de francs CFA et de nombreuses anomalies. L’opinion public a réclamé justice dans cette affaire d’avion présidentiel au Mali, qui incriminaient des ministres, conseillers du président et des hommes d’affaires. Mais en 2018, l’affaire est classée sans suite.

Mais l’affaire a été relancée en 2020 sur instruction du ministre de la Justice de l’époque Malick Coulibaly. Même si des personnalités ont ensuite été blanchies, ces dernières sont de nouveau inquiétées par le procureur général de la Cour suprême, Mamadou Timbo, pour qui « Il n’y a rien de plus dangereux pour une République que l’impunité ».

Instrument pour écarter des personnalités

Les nouveaux dirigeants du pays n’ont vraisemblablement pas l’intention d’épargner tous ceux qui étaient cités dans l’affaire de l’avion présidentiel au Mali. C’est ainsi que l’affaire a été confiée à la Cour suprême qui normalement n’est pas habilité à connaitre des affaires impliquant des ministres. Cette responsabilité incombe plutôt à la Haute Cour de Justice que le procureur général de la Cour suprême Mahamadou Timbo a qualifiée de non fonctionnelle à cause de la dissolution du parlement suite à la transition militaire.

Lire aussi: Mali : rejet de l’expertise de Tony Blair par le Premier ministre Maïga

Mahamadou Camara, ancien ministre de la communication du Mali

Cette situation a été dénoncée par Cheik Mohammed Chérif Koné, le président de l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP). Pour lui, c’est une « instrumentalisation de la justice ». Pour ce premier avocat général au parquet de la Cour suprême, la Cour suprême ne peut se substituer à la Haute Cour de justice. Mais cette opposition d’un membre de la Cour suprême n’a pas empêché cette dernière de faire son travail. Et ainsi de faire écrouer en août 2021, l’ancien premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, qui était ministre de la défense quand a éclaté l’affaire de l’avion présidentiel au Mali.

La liste s’est allongée à Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, qui a été inculpée et mise sous mandat de dépôt pour les mêmes motifs. Et même le sulfureux premier avocat général au parquet de la Cour suprême, qui dénonçait la procédure a perdu son poste pour son opposition au procureur général. Maintenant c’est l’ancien ministre de la Communication du Mali, Mahamadou Camara qui retourne en prison pour la même affaire. Initialement arrêté dans la même affaire, il a recouvré la liberté, après l’annulation en 2020, de la procédure le concernant. Mais le procureur a avancé « des éléments nouveaux dans le dossier », pour le faire arrêter de nouveau.

Au vu de tout ceci, on peut aisément avancer l’hypothèse que l’affaire d’avion présidentiel au Mali est un bon prétexte pour mettre à l’écart plusieurs personnalités et n’a sûrement pas fini de faire des vagues.

Lire aussi: Mali : pourquoi un mandat d’arrêt contre Karim Keita, le fils d’IBK ?

Esso A.