Mali : nouveau théâtre de la rivalité entre la Russie et l’Europe

Mali , nouveau théâtre de la rivalité entre la Russie et l’Europe

La rivalité entre la Russie et l’Europe, notamment la France, a trouvé un nouveau terrain pour s’exprimer. Et c’est à la tribune des Nations-Unies que le ton est monté confirmant les négociations entre le Mali et Wagner et l’installation d’une tension entre la Russie et le reste de l’Europe.

A la tribune des Nations Unies, et en marge de la 76e session de l’Assemblée générale, les personnalités de divers pays se sont exprimées sur le cas du Mali. Si les autorités maliennes et russes parlent d’un même ton, leurs homologues européens font aussi bloc ensemble dans ce qui s’annonce être, pour longtemps, le sujet brulant dans les relations internationales.

La Russie et le Mali sur la même longueur d’onde

Le débat suscité par le rapprochement entre le Mali et Wagner, n’a aucun fondement, si ce n’est une rivalité entre la Russie et l’Europe. A la tribune des nations unies, le premier ministre malien Choguel Maïga, a indiqué que l’arrêt de l’opération Barkhane dans le Sahel était une décision « unilatérale » de Paris. Le Mali s’est retrouvé « devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol ». Alors la décision d’« explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires » était somme toute, logique. Et imputable à la France.

choguel maïga, premier ministre malien

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La colère de Paris n’a pas de justification si ce n’est dans la nature du nouveau partenaire qui n’est autre que la Russie. La crainte d’un remake du cas de la Centrafrique avec la société Wagner lève le voile sur la rivalité entre la Russie et l’Europe, plus particulièrement la France. D’autant plus que le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a apporté un soutien implicite au Mali, tout en ne manquant pas de tacler la France au passage.

A New York, le chef de la diplomatie russe a expliqué que « les autorités maliennes se sont tournées vers une société militaire russe privée parce que, si je comprends bien, la France veut réduire considérablement son contingent qui était censé lutter contre le terrorisme dans le Nord ». « Mais ils (les Français) n’ont rien fait et ce sont les terroristes qui mènent la danse », a poursuivi Sergueï Lavrov accusant ainsi la France.« Dire, j’étais là en premier, dégagez ! c’est insultant, en premier lieu pour le gouvernement à Bamako qui a invité des partenaires étrangers » a-t-il ajouté, confirmant un soutien implicite au pays de l’Afrique de l’ouest.

L’Union des occidentaux dans la rivalité entre la Russie et l’Europe

La 76e session de l’Assemblée générale des nations unies était l’occasion pour les délégations concernées de s’impliquer dans l’affaire Wagner. Signe de la crainte suscitée chez les européens, par l’entrée de la Russie au Sahel, fusse-t-elle par l’entremise d’une société privée. C’est ainsi que le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, a tenu à rencontrer son homologue russe pour lui faire part de l’opposition de son pays à la venue de la Russie au Sahel.

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Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe

Toutefois, cette rencontre n’a pas semblé baisser la rivalité entre la Russie et l’Europe puisque Sergueï Lavrov a confirmé à son interlocuteur, la demande malienne à la société Wagner, tout en affirmant que le gouvernement russe n’était pas concerné. Ce qui veut dire que la Russie n’a pas l’intention d’intervenir dans les affaires de Wagner même si les occidentaux estiment que cette société est le bras armé de la Russie et agit pour son compte. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a également indiqué qu’un engagement de Wagner au Mali affecterait sérieusement les relations de l’UE avec Bamako. Sous-entendu, avec la Russie.

Face à la Russie, le ton est à l’unisson du côté des européens. Les 13 Etats membres de l’Initiative Européenne d’Intervention (IEI), réunis vendredi à Stockholm ont désapprouvé l’accord avec Wagner. Le ministre suédois de la Défense Peter Hultqvist, hôte de cette réunion a indiqué que « nous voulons envoyer un message clair : nous ne sommes pas prêts à accepter l’entrée du groupe Wagner sur le théâtre malien ». « C’est une évolution que nous ne sommes absolument pas prêts à voir. Des initiatives vont également être prises par plusieurs pays pour exprimer cela au gouvernement malien », a-t-il ajouté.

Des tensions qui s’annoncent longues entre la Russie et le reste de l’Europe avec la bénédiction du Mali.

Kylian B.