A quelques pas de la présidentielle tchadienne, le président Idris Deby a dans la foulée choisi de procéder au remaniement du gouvernement. Ce positionnement du président tchadien suscite bien d’interrogations. Tout porte à croire que cette décision est stratégique sur l’échiquier politique.
La vie politique tchadienne est, depuis 2015 marquée par les reports des élections législatives. Les dernières remontent à 2011. Plusieurs raisons justifieraient ces reports, selon l’exécutif. Cependant, ces raisons n’ont jamais impacté les élections présidentielles. Ce qui montre à suffisance que les élections présidentielles occupent une place de choix dans la politique tchadienne. C’est justement dans cette logique que le Tchad se prépare à organiser les élections présidentielles en avril 2021.
Un remaniement du gouvernement renforçant la légitimité du président
Si l’on définit la légitimité comme la qualité de ce qui est fondé en droit, en justice, et permet de recevoir le consentement des membres d’un groupe, on peut, sans se tromper, dire que le président tchadien serait en quête d’une légitimité plus forte.
En réalité, l’opinion tchadienne n’est plus en mesure de voir le président Deby à la tête du pays pour un nouveau mandat. Pour contourner cette opinion, le président s’adonne au remaniement du gouvernement.
Ainsi, à neuf mois de la présidentielle, le chef de l’Etat tchadien a fait appel à 14 nouveaux ministres et 6 secrétaires d’Etat. Ce gouvernement comprend plusieurs nouveaux jeunes, des femmes et un peu plus de représentants de petits mouvements alliés à son parti, dont le Mouvement patriotique du salut, qui domine largement le Parlement.
Un gouvernement de combat pour la réélection du président Deby
Comme on peut le voir, le remaniement du gouvernement vise à convaincre l’opinion pour réélire le président sortant. C’est justement ce qu’a su bien souligné le politologue Ngartabe Djimadoum, enseignant et chercheur à l’université de N’Djamena, en ces termes : « A neuf mois de l’élection présidentielle du 11 avril 2021, le président Déby a fait appel à certains alliés, aux jeunes et aux femmes.
C’est certainement pour battre campagne ». Même si le chef de l’Etat, réélu en 2016 et devenu maréchal, n’a pas annoncé officiellement son intention, tout porte à croire qu’il ne sera pas absent dans la joute électorale de 2021.
Gouvernant désormais sans premier ministre, ce gouvernement a, pour seul objectif, de faire réélire le président sortant. Encore faut-il que ces élections soient transparentes, car le peuple tchadien a vraiment hâte de connaitre un nouveau président à qui confier sa destinée.